RFI Afrique - Le Jnim, lié à Aqmi, vient en effet de publier une vidéo du chef de la Katiba Macina, Hamadoun Koufa, son groupe de combattants à l’œuvre dans le centre du Mali.
Hamadoun Koufa s’y exprime essentiellement sur l’opération menée par l’armée malienne à Moura, près de Djenné, fin mars. Le Jnim a aussi publié un communiqué spécifique, écrit, sur le massacre de Diallassagou, commis il y a tout juste une semaine dans la région de Bandiagara.
Cette fois, sa barbe, habituellement rougie au henné, est aussi noire que son chèche. Hamadoun Kouffa réfute la version de l’armée malienne selon laquelle les Fama auraient tué 203 personnes, toutes jihadistes, à Moura.
Le chef de la Katiba Macina assure qu’il n’y avait ce jour-là que 30 combattants dans le village et accuse les soldats maliens, ainsi que leurs supplétifs russes, désignés sous le nom de Wagner, d’avoir tué des centaines de civils.
Hamadoun Kouffa cite également d’autres opérations conjointes de l’armée malienne et de Wagner à Macina ou encore Arabanda.
Cette vidéo (en fait deux, l’une en arabe, l’autre en langue peule) de propagande a été authentifiée et traduite par le centre de recherches Menastream, spécialiste des questions sécuritaires et des groupes jihadistes au Sahel.
Aucun civil tué, selon le Jnim
Le Jnim a par ailleurs publié un communiqué écrit sur son canal officiel Az-Zallaqa, cette fois au sujet de l’attaque de Diallassagou, cercle de Bankass. C’était il y a huit jours. 132 civils ont été tués a affirmé le gouvernement malien, plus d’une centaine selon les Nations unies, mais aucun selon le Jnim qui prétend avoir ciblé uniquement des individus ayant collaboré avec l’armée malienne au cours de patrouilles qui avaient conduit à des exécutions sommaires.
Des sources locales y voient une manière pour le Jnim d’essayer de se rattraper : « un tel carnage compromet leur stratégie de séduction des populations, résume l’une d’entre elles, alors ils essaient de se justifier… et de jouer, une fois encore, sur la division entre les communautés. »
■ Appel à la retenue dans le cercle de Bankass
L'attaque de Diallassagou est venue rompre l’accord de paix intercommunautaire local conclu l’année passée : le Jnim, groupe jihadiste lié à Aqmi, affirme dans une vidéo avoir voulu répondre à des opérations de l’armée malienne au cours desquelles des exactions auraient été commises (lire ci-dessus). L’armée, elle, dément systématiquement toute accusation d’exactions.
Ces derniers événements menacent en tout cas de raviver des tensions intercommunautaires : chasseurs traditionnels dozos contre jihadistes, communauté dogon contre communauté peule, les raccourcis et les amalgames sont rapides et instrumentalisés par les différentes parties.
Aussi les ressortissants du cercle de Bankass lancent-ils un appel à la retenue pour éviter un cycle de représailles sanglantes. Moumouni Guindo est président de l’Association pour le développement du Séno Bankass (Adeseba), qui regroupe des habitants du cercle de Bankass.
« Nous appelons nos parents à la retenue, au calme et surtout à éviter la tentation de la vengeance, des répliques, des représailles et de tout ce qui peut détruire davantage le tissu social. Nous nous adressons à toutes les communautés du cercle de Bankass sans distinction, et nous leur demandons de résister à la tentation de la division, de faire l’effort qu’il faut pour dépasser ces évènements malheureux et de continuer à vivre comme d'antan. Il y a dans notre secteur des individus venus d’ailleurs, qui appartiennent aux différentes tendances terroristes, qui occupent ou qui écument les lieux et qui commettent des exactions. Ceci est de nature à opposer les uns et les autres parce que les uns et les autres s’accusent mutuellement. Nous demandons à toutes les communautés, à toutes les personnes, d’être vigilantes et d’éviter de tomber dans le piège. »