"Au cœur de la guerre" :« La Guerre sans Histoire » : L’ATTAQUE DE TIDJIGJA (1ère Partie) | Mauriweb

"Au cœur de la guerre" :« La Guerre sans Histoire » : L’ATTAQUE DE TIDJIGJA (1ère Partie)

jeu, 08/07/2021 - 18:05
 Colonel (E/R) Mohamed Lemine Taleb Jeddou

"Au cœur de la guerre" relatera les faits d’armes de nos FAMA dans la guerre des sables au Sahara Occidental, elle pointera aussi les moments difficiles d’une guerre devenue inéluctable mais aussi les nombreuses aventures humaines vécues au gré de l’engagement militaire.

Une rubrique que nous fait l’honneur d’animer, chaque semaine, notre ami et grand-frère, le colonel (E/R) Mohamed Lemine Taleb Jeddou.

Bonne lecture.

« La Guerre sans Histoire » : L’ATTAQUE DE TIDJIJA (1ère Partie)

Sortie du néant des Majabatt El Koubra, par cette journée grise du 03 Février 1977, la colonne d’une trentaine de véhicules s’infiltre en passant par Edavre et Lekhcheb. Au niveau du campement de Ehl Elvilali sur le côté Est de l’oued Keyal, un groupe d’hommes, tente de s’interposer entre la colonne et le campement. Le Chef du groupe Baddah Ould Vilali et l’un de ses membres  tomberont sur le champ de bataille, alors que les autres seront faits prisonniers. La colonne de véhicules continue son infiltration en passant par Mreiba puis Nouag El Mich pour arriver à Timbahra.

Située sur le plateau du Tagant, la ville de Tidjikja s’est développée de part et d’autre d’une batha dont les deux affluents Arzak et Timbahra se rejoignent à Ndaghak avant de converger avec Iziv et Erchel Mowje à Melga Lebtah. Au nord- est, Tarev Ederg, une longue chaine de montagne surplombe la ville. Au sud-est, Hnouk Baghdada, des falaises, canalisent l’accès de la ville par la route Tidjikja-Tichitt qui descend de Legréa. Au sud, la ville est bordée par des récifs dont affleurent deux petits mamelons, Jmeilatt Edbech traversés par la pénétrante Noukchott-Tidjikja. Au nord, où se trouve l’aéroport, le terrain est dégagé.

Le Secteur 9 qui couvre tout le Tagant, commandé par le capitaine de la Gendarmerie Jeddou Ould Hakki, est composé de trois escadrons: deux escadrons de la gendarmerie dont l’un est motorisé et l’autre statique à Tidjikja et un escadron amputé de la Garde Nationale dont un peloton est implanté à Tichitt.

L’escadron motorisé est en réserve au niveau du Poste de Commandement (PC) du Secteur 9, au Collège de Tidjikja. L’escadron statique de la Gendarmerie est réparti en trois positions: la première à Breikima (P1), à l’Est de la ville, la deuxième à Rouss Noueiligatt (P2) sur Tarev Ederg et la troisième à Sambatali (P3) au nord-est du Collège.

   Un peloton renforcé de l’escadron de la Garde Nationale, en statique sur Jmeilatt Edbech, sous les ordres de l’Adjudant DA’IVE de son vrai nom Mamadou Harouna Kane, occupe deux positions statiques, l’une à l’Est de la pénétrante (P4) avec une Mitrailleuse 50  et l’autre à l’ouest (P5) disposant d’un groupe de mortiers de 81m/m.

Apres avoir installé son Poste de Commandement Tactique (PCT) au niveau de l’oued Timbahra, l’ennemi déploie sa manœuvre. L’élément d’appui est installé à l’Est de Tarev Ederg.  Un élément de couverture est placé à Ledheim, sur le côté Est de Ndaghak avec pour mission de prendre en enfilade la batha et d’interdire toute intervention en provenance de Tichitt. L’élément d’assaut progresse jusqu’à sa ligne de débouché, fixée au niveau du mausolée de Limam ElGhazouani, à l’extrêmité Sud de Tarev Ederg.

A 16H00, deux éléments ennemis montent l’assaut, l’un motorisé dévalant la plaine à partir du cimetière, l’autre progressant à pied venant de l’embouchure de Timbahra. Lorsqu’ils furent à la portée pratique des armes, la position P1 ouvre le feu et casse net l’élan des assaillants. Sous l’effet de la surprise et à découvert, les deux éléments ennemis se replient sous le feu intense de P1 et reprennent leurs positions initiales. L’accrochage continue, et l’ennemi, croyant avoir affaire à une seule position manœuvre pour l’occuper. Un peloton motorisé de la Gendarmerie, commandé par le Quatrième Echelon Konaté Harouna doté de trois Mitrailleuses de 12,7m/m (Mit 50,) intervient au profit de la position sous la pression de l’ennemi. Simultanément, la position P5 déclenche un tir de barrage devant la position P1, devenu très tôt pour l’ennemi un objectif à conquérir au mieux ou au minimum à détruire.

Le peloton d’intervention se révèle particulièrement manœuvrier, changeant en permanence de position et engageant ses véhicules par alternance. L’ennemi, qui continuait son forcing pour effectuer un débarquement sur objectif, recule de nouveau sous l’effet de la boule de feu et campe derrière sa ligne de débouché initiale. La position P1 profite de la neutralisation de l’ennemi et met à profit la couverture feu combinée des tirs tendus et courbes amis pour s’exfiltrer. L’accrochage tourne à la guerre des tranchées, chaque partie se barricadant dans ses positions.

Un groupe d’Ehl Meihimid, dont l’instinct belliqueux a été réveillé par les crépitements des balles et le bruit des explosions, armé de Mas 34 et de Mas 36, dirigé par un ancien sous-officier supérieur de la Garde Nationale à la retraite, Tfeil Ould Meihimid, profite de l’accrochage, pour sortir à pied de la ville par le nord-est de la ville.

 

(A suivre)

 

Mohamed Lemine Taleb Jeddou

Extrait de « La Guerre sans Histoire »