Adrar-Info - Dès le 07/12/1975, un escadron de la Gendarmerie National sous les ordres du capitaine Mohamed Mahmoud Ould Deh a été dépêché pour prendre position à Inal, en vue de la préparation du déploiement des forces armées et de sécurité dans Tiris El Gharbiya. A son arrivée l’escadron a mis en place un dispositif au nord de la Voie ferrée.
Le 08/12/75 en fin de journée, le 9 EDC commandé par le Lt Mohamed Ould Sid’Ahmed Lekhal arrive en renforcement et s’installe au sud de la voie ferrée.
Il est 02H45 du matin. Le guetteur de la sonnette avancée assis sur le parapet de l’emplacement fait un balayage du secteur à courte distance, limité par l’obscurité en axant son attention davantage sur son ouïe que sur sa vue. La vue décentrée de nuit l’empêche de fixer les objets, il ne peut que promener lentement son regard au voisinage des points à observer.
Les conditions psychologiques particulièrement stressantes de nuit, lui jouent des tours en lui donnant parfois l’impression de voir une forme humaine qui s’évanouit aussitôt. Les factions du deuxième quart de la nuit sont généralement exténuantes et semblent se prolonger à l’infini.
Le guetteur qui subit aussi les assauts irrésistibles du sommeil sursaute de temps à autre, se lève, fait un ou deux pas, laissant sa silhouette se détacher sur l’horizon nocturne de cette nuit de niveau deux, se lave le visage avec de l’eau fraîche, reprend sa position et continue son guet.
Aux bruits étouffés des chaussures fermées sur la caillasse, il se relève instinctivement détachant davantage sa silhouette. La rafale de l’AKM 47 crépite déchirant le silence de la nuit et le guetteur s’écroule. Le Gendarme Stagiaire Diago Ibrahima venait d’être le premier martyr de la funeste guerre du Sahara. La population du petit chantier d’Inal est tirée de son sommeil par les crépitements des balles et les déflagrations des grenades antipersonnel.
Instantanément, les pelotons de l’escadron ripostent de toutes les positions en direction des positions ennemies trahies par les étincelles et les éclairs aux départs des coups. Les actions dynamiques de nuit n’étant exécutées qu’exceptionnellement et par des groupes commandos réduits et particulièrement entrainés sur des objectifs reconnus et repérés, les deux escadrons tiendront leurs positions respectives pendant toute la durée de la nuit. L’accrochage durera toute la nuit.
Au lever du jour, l’ennemi d’une trentaine de véhicules décroche et une poursuite, au cours de laquelle l’adjudant Sy Abdoullaye, plus connu sous le nom de LEHROUR et le Gendarme Stagiaire Yahevdhou Ould Hboïeb tomberont sur le champ d’honneur, est engagée du côté ami. L’ennemi désorganisé subira de lourdes pertes et vingt cinq de ses combattants seront faits prisonniers.
Mohamed Lemine Ould Taleb Jeddou
Extrait de « La Guerre sans Histoire »
Vifs remerciements au Commandant Sidi Ould Lekhdeyem !