Le Figaro - Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, s'est exprimé vendredi sur l'annonce d'Emmanuel Macron depuis le Burkina Faso.
La fin annoncée par le président Emmanuel Macron de l'opération militaire Barkhane au Sahel «n'est pas la fin de l'engagement» de la France dans cette région, a déclaré vendredi 11 juin à Ouagadougou Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères.
«C'est une évolution de concept, un changement de modèle, mais ce n'est pas la fin de l'engagement (de la France) au Sahel», a dit Jean-Yves Le Drian à la presse, à l'issue d'un entretien avec le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré.
«Évidemment, la poursuite de la lutte contre le terrorisme fait partie de nos priorités, même si le modèle de Barkhane n'est plus le modèle adapté», a ajouté le chef de la diplomatie française.
Après plus de huit ans d'engagement massif, Emmanuel Macron a annoncé jeudi une réduction de la présence militaire française au Sahel, marquée par la fermeture de bases, et une réarticulation de la lutte antidjihadiste autour d'une «alliance internationale» associant des Européens.
Selon Jean-Yves Le Drian, «la volonté que nous avons c'est de combattre avec les forces du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Tchad et Niger, ndlr) pour que le terrorisme ne s'impose pas comme la loi dominante pour les populations concernées: c'est pour cela que la France est là».
Il a estimé que «le sursaut civil et politique pour permettre aux États de reconquérir leurs propres territoires dès que des territoires sont libérés, avec la présence renouvelée de l'administration, des services administratifs», était de la «responsabilité des États, et ils le font d'une manière générale».
7000 familles en fuite
Jean-Yves Le Drian a affirmé qu'il était venu «d'abord» rencontrer le président Kaboré pour lui présenter «les condoléances de la France, notre empathie à l'égard du peuple burkinabé, à la suite de ce carnage qu'ont vécu les populations de Solhan». Au moins 132 personnes selon le gouvernement - 160 selon des sources locales - ont été tuées dans la nuit du 4 au 5 juin, lors de l'attaque de la localité rurale de Solhan, près des frontières avec le Mali et le Niger.
L'attaque a en outre forcé environ 7000 familles ayant tout perdu à fuir le village, selon le gouvernement burkinabé. Le Burkina Faso, pays sahélien pauvre frontalier du Mali et du Niger, est confronté depuis six ans à des attaques djihadistes de plus en plus fréquentes et meurtrières. Les forces de sécurité peinent à enrayer la spirale de violences djihadistes qui ont fait depuis 2015 plus de 1400 morts et plus d'un million de déplacés.
Par Le Figaro avec AFP