Initiatives News - La levée de boucliers contre les déclarations insultantes du président Macron envers le Prophète Mohamed (PSL) et envers la communauté musulmane, prend une tournure dangereuse en Mauritanie où des voix s’élèvent de plus en plus pour prôner l’abandon de la langue française.
Ce n’est pas la première fois que la langue de Molière et ses locuteurs subissent un lynchage en règle de la part de certains milieux nationalistes et chauvins mais cette fois-ci ce sont d’authentiques francophones qui ont accepté de jouer le jeu des extrémistes jusqu’au-boutistes.
C’est ainsi que le président de l’Association des Ecrivains Mauritaniens francophones, le nouvelliste Moussa Ould Ebnou, un pur produit de la culture française, a convoqué une conférence extraordinaire urgente, en vue de dissoudre cette organisation qu’il préside.
Dans ce communiqué aux airs de prêche signé par Ould Ebnou, on peut lire : « Notre devoir et notre responsabilité moraux et politiques, en tant qu’écrivains musulmans francophones nous dictent de faire face au phénomène croissant de l’islamophobie en France. »
On peut bien comprendre la dénonciation des bavures de la France contre l’islam et c’est même un devoir, mais de là à boycotter la langue française, il y a un pas qu’on ne devrait pas franchir sous aucun prétexte.
La langue française c’est un outil indispensable, c’est une arme redoutable dont on ne peut pas se passer et surtout pas dans ce contexte de haute tension. Il est donc beaucoup mieux indiqué de faire usage de cette langue, de l’utiliser comme moyen d’expression et c’est le chemin le plus court pour réagir du tic au tac aux errements de la puissance colonisatrice.
Par ailleurs Macron n’est pas la France et le français n’appartient pas à la France. C’est la cinquième langue la plus parlée au monde avec 300 millions de locuteurs représentant 4 % de la population mondiale.
Et en Mauritanie c’est une langue qui compte et c’est la langue de formation de tout ce que le pays compte aujourd’hui de cadres valables. C’est aussi la langue de l’administration même si officiellement c’est l’arabe qu’on met en avant.
Malheureusement cette place et ce statut du français est très mal perçue par une certaine frange d’intellectuels aux idées désuètes, des arabisants purs et durs vivant en autarcie, dépassé par les événements et qui considèrent qu’ils sont le nombril du monde.
Quant aux francophones ils sont voués aux gémonies et classés selon leur appartenance ethnique et parmi eux un groupe est étiqueté et considéré comme une cinquième colonne au service de la France. Cette situation s’explique par une dérive chauvine qui ne date pas d’aujourd’hui et qui persiste.
Et ce n’est pas un hasard si cette guerre des langues continue à faire rage avec des dégâts considérables dont la mise à genoux du système éducatif n’est pas des moindres.
Bakari Guèye