Les autorités judiciaires mauritaniennes envisagent de traquer d’éventuels avoirs bancaires de l’ex-président Aziz placés à l’étranger, du moins c’est que rapporte la presse locale
La traque d’éventuels biens mal acquis par l’ancien président placés à l’étranger s’inscrit dans le cadre de l’enquête sur la gouvernance de Mohamed Ould Abdel Aziz - président de la République islamique de Mauritanie d’août 2008 à août 2019- caractérisée par le bradage de biens publics, l’attribution des gros contrats de la manière la plus illégale et le détournement des deniers publics.
L’homme - qui avait régné sans partage sur la Mauritanie onze ans durant et qui s’était envolé pour la Turquie dans les heures qui suivirent son départ du pouvoir le 2 août 2019 à bord d’un avion dont la soute était remplie de bagages qui n’ont jamais été contrôlés - est soupçonné d’avoir planqué beaucoup d’argent mal acquis à l’étranger.
A l’époque le nouveau pouvoir ne pouvait se permettre de fouiller ses bagages parce qu’à Aziz avait comme un pied hors du pouvoir et un autre dedans notamment par l’entremise du Bataillon de sécurité présidentielle (BASEP) qu’il a rêvé, conçu et mis sur pied avant d’en faire un instrument de conquête et de conservation du pouvoir et qui n’a été expurgé de ses commandants fidèles à Aziz (auteur de deux putschs réussis) où jugés comme tels qu’à partir du 28 novembre 2019.
En Mauritanie le montant des comptes gelés dans le cadre de l’enquête judiciaire en cours est de l’ordre de 53,59 millions $ dont 2,14 millions $ ont été retrouvés sur le compte de la Fondation Errahma de Bienfaisance - contrôlée à 100% par l’ex-famille présidentielle - que d’aucuns présentent comme une entité de blanchiment d’argent sale.
Par ailleurs les autorités judiciaires ont commencé à auditionner les représentants des sociétés étrangères soupçonnées de corruption comme l’Indien Kalpa-taru dont des représentants ont été auditionnés ces dernières heures rapporte la presse locale qui ne décline pas toutefois l’identité des représentants en question.
Mais on sait déjà que Kalpa-taru - attributaire en fin de règne d’Aziz de deux contrats d’un montant cumulé d’environ 90 millions $ dont l’un est attribué de gré à gré et l’autre suite à une procédure d’adjudication de plus accélérée - avait comme représentant Mohamed Ould M’Sabou, le beau fils de l’ex-président Aziz.
Ould M’Sabou cuisiné ces derniers temps par la brigade de répression des crimes économiques et financiers, est actuellement sous contrôle judiciaire à l’instar de son beau père qui a tenté le 6 septembre dernier de se dérober à sa mise sous contrôle judiciaire pour se rendre dans son ranch à Bénichab une localité située à 165 km au nord de Nouakchott.
Toutefois les auditions, perquisitions, mise sous contrôle judiciaire, gel des avoirs bancaires en Mauritanie, traque de comptes bancaires à l’étranger ne doivent guère inciter à l’optimisme : Un argent détourné placé dans des paradis fiscaux est bien souvent perdu et pour celui qui l’a détourné et pour le pays à qui il l’a volé. En clair les Mauritaniens doivent faire le deuil de leur fric perdu…. à jamais !