COP21/Sommet de Paris sur le changement climatique : pourquoi, cette fois enfin, nous pouvons nous entendre pour sauver la planète ? | Mauriweb

COP21/Sommet de Paris sur le changement climatique : pourquoi, cette fois enfin, nous pouvons nous entendre pour sauver la planète ?

jeu, 26/11/2015 - 12:10

L'Eveil Hebdo - A J-5 de l’ouverture de la 21ème Conférence réunissant, àParis, toutes les parties, Etats et organisations internationales, à la Convention-cadre desNations Unies sur les changements climatiques (la COP21), la mobilisation de la communauté internationale doit se poursuivre et se renforcer pour répondre aux attentes des citoyens.

En tant que coprésidente de la COP21, la France, soulignait d’emblée le Président de la République François Hollande en janvier dernier, a «une responsabilité énorme pour réussir», c’est à dire écouter, concilier des positions et des intérêts parfois très divergents, et formuler des propositions concrètes.

Mais le succès du Sommet de Paris est l’affaire de tous. 
Davantage certainement que lors des précédentes COP, nous devons et nous pouvons aujourd’hui, ensemble, affronter ce défi global et contenir l’impact de l’homme sur l’environnement. 

Plus que jamais, nous avons la possibilité, dans un élan collectif et solidaire, d’inverser le cours du dérèglement climatique en nous donnant les moyens de réaliser l’objectif de limiter à deux degrés maximum la hausse de la température par rapport à l’ère pré-industrielle. Nous pouvons agir maintenant: 

- en prenant conscience que nous sommes dans l’urgence : l’année 2015 s’impose comme une année climatique exceptionnelle : canicules, ouragans, cyclones, inondations …; depuis l’étude scientifique du GIEC, qui envisage le risque d’une augmentation de la température jusqu’à 4,8 degrés d’ici 2100, les rapports alarmants se sont succédé.

A cet égard, le dernier document de référence publié par la Banque mondiale en novembre dernier est sans appel : plus de 100 millions de personnes, vivant principalement en Afrique et en Asie du sud, basculeront sous le seuil de la pauvreté d’ici 2030 en l’absence d’action en faveur du climat. Le pire est donc à venir...

- en réaffirmant une volonté politique forte de la part des Etats et gouvernements : c’est pour cela que la médiation française a proposé que les Chefs d’Etat se réunissent dès le 30 novembre, c’est à dire au tout début des discussions. Pour donner toute l’impulsion politique nécessaire à la négociation qui va suivre.

A ce jour, 140 chefs d'État et de gouvernement ont confirmé leur participation à la journée d'ouverture de la COP21. Et les engagements très constructifs déjà manifestés par les pays ou les ensembles régionaux qui sont parmi les principaux émetteurs de gaz à effet de serre (GES) 

- les Etats-Unis, l’Union européenne, la Chine (voir à cet égard la déclaration commune franco-chinoise à l’issue de la dernière visite du Président François Hollande à Pékin) - sont très prometteurs. Ils auront un effet d’entraînement sur les autres parties à la Convention.

Parallèlement à leur responsabilité politique, les Chefs d’Etat et de gouvernement ont été également invités à réagir en tant que citoyens. C’est le sens de « l'appel aux consciences » lancé par de nombreuses personnalités morales et religieuses en juillet dernier à Paris (voir le texte : http://www.ambafrance-mr.org/L-Appel-des-Consciences-pour-le-Climat).

- en s’entendant sur un accord juridiquement contraignant : d’abord parce que c’est un devoir moral. Pour nos enfants et les générations futures, nous ne pouvons pas, pour paraphraser un ancien président français, regarder sans rien faire « notre maison qui brûle », notre planète ; ensuite parce que toutes les parties en sont déjà convenues à la COP de Durban en 2011, qui a acté le principe que, pour agir concrètement contre le dérèglement climatique, « les Etats parties devront adopter au plus tard en 2015 une solution concertée ayant une force légale».

- en affichant des contributions nationales ambitieuses, pour réduire les émissions de GES : à ce jour plus de 169 pays ont publié leurs contributions nationales, soit 91 pour cent des émissions des GES. En Afrique, quasiment tous les pays ont déposé la leur. A cet égard, la Mauritanie a été l’un des tout premiers pays du continent à déposer sa contribution. 

Il est impératif que la somme des contributions nationales nous place, dès Paris, dans l’objectif des 2° degrés maximum. Puis, nous devons inscrire dans les conclusions de la Conférence le principe de rendez-vous réguliers pour relever systématiquement l’ambition individuelle et collective et atteindre pleinement cet objectif. 

- en assurant aux pays en voie de développement qu’ils auront les moyens de réaliser leurs propres objectifs avec le transfert de technologies nécessaire. Chaque pays doit disposer des instruments financiers et techniques pour accomplir sa transition énergétique, limiter l’impact carbone et lui substituer une activité sans émission polluante. Ce sont 100 milliards de dollars, de financements publics et privés, qui doivent être mobilisés annuellement dans ce sens.

A ces cinq conditions essentielles pour le succès de la COP21 – prise de conscience, volonté politique, accord contraignant, engagements nationaux, disponibilité des financements-, j’ajouterai trois facteurs non moins indispensables mais qui n’étaient peut-être pas aussi marquants lors des précédentes COP :

- le premier est la poursuite de la mobilisation citoyenne exceptionnelle à laquelle nous avons assisté ces derniers mois. Le débat citoyen qui s’est tenu en juin sur tous les continents de la planète a adressé un message clair sur les enjeux du défi climatique.

A cet égard, je dois féliciter les associations mauritaniennes qui ont organisé les rencontres de la société civile au jardin de la Biodiversité. Un succès prodigieux, des débats intenses et riches d’enseignements qui ont été repris dans les conclusions générales de cet exercice au niveau mondial.

A Paris, la société civile aura pleinement la parole. Sur les 40 000 participants aux deux semaines de discussions, 20 000 membres de la société civile sont attendus sur le site de la Conférence.

Par ailleurs, la société civile a été appelée à ne pas se contenter de jouer un rôle de témoin mais à jouer un rôle d’acteur. C’est « l’agenda des solutions ». Sans attendre l’entrée en vigueur du futur accord de Paris, c’est-à-dire en 2020, les acteurs non étatiques ont été sollicités pour proposer leurs propres solutions afin de limiter les émissions de GES.

Entrepreneurs, investisseurs, collectivités territoriales, scientifiques, universités, think tanks, fondations, etc…. au total ce ne sont pas moins de 8000 initiatives qui ont été recensées de par le monde et dont Paris sera la vitrine en décembre prochain.

- le second est une approche nouvelle du développement durable, une approche positive, comme moteur de croissance. Les mentalités ont changé, chez tous et partout. Les entreprises, les élus, les dirigeants, les partenaires au développement et les pays récipiendaires de l’aide. 

Le développement durable n’est plus perçu aujourd’hui comme un obstacle à la croissance, mais bien comme un porteur de croissance et bien sûr d’emplois. Le combat pour le climat est aussi le combat pour le développement, car le dérèglement climatique menace le développement. Nous sommes en train de passer d’un « modèle insoutenable » à « un modèle soutenable ». 

- le troisième est un sens renouvelé des responsabilités de la part des Etats : il est entendu que les contributions nationales doivent être ambitieuses mais aussi différenciées. C’est-à-dire que les efforts attendus d’un pays en développement ne peuvent pas être les mêmes que ceux attendus d’un pays industrialisé. 

Mais la différenciation n’exclut pas la responsabilité. Et à cet égard, la contribution mauritanienne mérite d’être saluée. La Mauritanie ne se présente pas seulement comme grand témoin de ce qui va arriver si on ne fait rien, mais elle se veut protagoniste en affirmant, de manière exemplaire, la volonté de s’engager sur la voie d’un développement de moins en moins dépendant du carbone et des GES, avec un objectif affiché de réduction de 23 pour cent des GES en 2020 et la promotion des énergies renouvelables.

Quelles conclusions en tirer ?

La première est que, par rapport aux COP passées, nous avons de nombreuses cartes en mains pour que le sommet de Paris soit un succès. La seconde est que la mobilisation, au niveau politique mais aussi de la société civile, ne doit pas faiblir. 

La coprésidence française redouble d’efforts. M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, entreprend un ultime «tour du monde du climat» à une semaine de l’ouverture de la COP21. Il se rendra successivement en Inde, en Afrique du Sud et au Brésil, trois pays qui constituent des partenaires clefs.

La troisième est que le continent africain aura un rôle déterminant au sein de la COP21. L’Afrique sera au cœur des débats avec, le 1er décembre, une journée qui lui sera spécialement réservée, dévoilant plusieurs initiatives de grande ampleur.

A cette occasion, la Mauritanie, à la convergence des mondes arabe et africain, sera un acteur clé. Et on ne peut que se féliciter de la présence annoncée à Parisde S.E. M. le Président de la République islamique de Mauritanie et des réflexions engagées par le gouvernement et M. le Ministre de l’Environnement mauritaniens. 

Mais…et la France, que fait-elle à titre national ?

Elle ne se contente pas d’un rôle de médiateur. Car il y a un engagement national français ambitieux, qui s’affirme à travers l’Union européenne et son objectif commun de réduire d’au moins 40 pour cent les émissions de GES d’ici 2030. 

Par ailleurs, le Parlement français a adopté cet été un dispositif législatif très volontariste, qui va permettre la transition énergétique vers une croissance verte. Enfin, le partenariat au développement sera axé sur les résultats de la COP21.

Nous nous y engageons, y compris en Mauritanie où la France est prête à accompagner le pays dans sa stratégie de réduction des GES et en faveur des énergies renouvelables.

C’est déjà le sens de l’action de l’Ambassade (SCAC) et de l’Agence française de Développement (AFD) auprès du Parc national du Banc d’Arguin pour la protection de la biodiversité marine et terrestre (avec aussi participation de l'AFDet du Fond Français pour l'Environnement Mondial au Bacomab), de l’AFD en faveur de la préservation de la ressource hydrique, avec des investissements importants dans le secteur de l'eau et de l'assainissement, vitaux pour l'Homme et la protection des écosystèmes terrestres, ou encore le financement par l’agence de la réalisation de la centrale électrique hybride de Kiffa.

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Nous le savons, la prochaine Conférence de Paris se tiendra dans un contexte particulièrement pesant, marqué par un autre défi, celui lancé par des terroristes qui frappent tout à tour les continents, sans distinction aucune.... Une mobilisation exceptionnelle à la COP21, qui se traduira par un engagement concret et fort réaffirmant que nous sommes confiants dans l’avenir de notre monde, constituera l’une des meilleures réponses au nihilisme de ces criminels. 

Joël MEYER - Ambassadeur de France en Mauritanie