Le rassemblement des forces démocratiques, (RFD, opposition) a appelé à un dialogue politique national et affirmé sa totale disponibilité à contribuer à la solution des crises politiques dans le pays, a-t-il annoncé dans une déclaration à l’issue de la réunion de son bureau exécutif.
Cette déclaration, qui fait suite à une rencontre, mercredi dernier, de son leader Ahmed Ould Daddah avec le président de la République, Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, n’en accuse pas moins l’ancien régime du président Mohamed Ould Abdelaziz d’avoir fragilisé le pays au moment où la découverte de nouvelles richesses aiguise des appétits étrangers et ce au moment, précise-t-on de même source, la mauvaise gouvernance érigée en mode de gestion par l’ancien régime a négativement impacté tous les services publics y compris les services de sécurité du pays.
Pour autant, le RFD a exprimé que ses rapports avec les autres forces politiques seront toujours guidés par la préservation de l’intérêt suprême du pays.
Le RFD fait, par ailleurs, remarquer que les nouvelles autorités politiques se doivent de mettre l’intérêt général du pays au-dessus de toute autre considération et tendre la main aux partis politiques en vue d’un partenariat en leur permettant de jouer leur constitutionnel loin de toute pression.
Le BE du RFD a enfin appelé les nouvelles autorités politiques à lever toutes les mesures politico-judiciaires contre les opposants à l’ancien régime à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
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Ci-après l'intégralité de la déclaration
Déclaration
Le Bureau Exécutif du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) a tenu une session ordinaire les 10, 11 et 12 septembre 2019 sous la présidence de Me Yacoub Diallo, président par intérim du parti, à l’effet d’examiner la situation politique, économique et sociale du pays et les moyens de redynamiser les organes du parti et diffuser son discours politique pour faire face à cette situation.
S’agissant du premier point, les membres du Bureau Exécutif ont été unanimes pour constater la gestion patrimoniale des ressources de l'État par le régime, tout au long des dix dernières années. Une gestion qui a conduit le pays dans une impasse.
C’est ainsi que le citoyen a perdu toute confiance dans les institutionset services publics ; qu’il s’agisse d’institutions judiciaires, administratives, économiques ou de sécurité, en raison de la mauvaise gouvernance : manipulation du processus électoral, parole publique vidée de toute crédibilité,pillage sans vergogne des ressources publiques, sape des symboles historiques de l'État que sont le drapeau et l'hymne national.
Sans surprise, la gabegie a fini par ruiner la majorité des entreprises et institutions étatiques. Exploitées pour enrichir les proches du pouvoir et sa clientèle politique,certaines d'entre elles ont fait l’objet de banqueroute frauduleuse. Le chômage s'est répandu parmi les diplômés, la situation sécuritaire s’est dégradée, la morale s’est effondrée, l’unité nationale s’est fissurée cédant la place aux discours étroitsde groupes sociaux et ethniques, l’affiliation aux partis politiquesa été vidée de toute signification, l’entité étatique est menacée de disparition...
Notre pays se débat dans cette crise multiforme,alors que le spectre de l’insécurité menace toute la région du Sahel, devenue une véritable base arrière pour les groupes extrémistes rejoints, faute d’alternative, par une partie de notre jeunesse, ravivant ainsi les tensions sécuritaires à nos frontières Nord et Est. Il ne fait, par ailleurs, aucun doute que les ressources du pays ravivent l’appétit de forces étrangères, au moment où les structures de l'État sont incapables de s’adapter à l’augmentation de ces ressources devant être gérées de manière efficiente au profit du peuple mauritanien,en vue de le tirer de la misère.
En ce qui concerne la situation du parti, les membres du Bureau Exécutif ont souligné la nécessité d'activer et de renforcer ses instances pour que le RFD soit à la hauteur des défis auxquels le pays est confronté et puisse jouer,pleinement, son rôle de leadership politique au service de la cohésion du peuple, en renforçant l’unité et la solidarité de toutes ses composantes et en œuvrant à l’émergence d’un État fort pouvant faire face aux menaces qui nous guettent, ici et là.
La situation générale du pays exige que les autorités dirigeantes comprennent que leur rôle est de servir l'intérêt public, en établissant un partenariat avec les partis politiques permettant à ces derniers de jouer leur rôle constitutionnel, sans entrave ni intimidation, sur la base du respect de la Constitution, des valeurs de la République et du bon fonctionnement des institutions de l'État.
En conséquence, le Bureau Exécutif :
- réitère son attachement à la position de la Coalition des Forces du Changement Démocratique sur les récentes élections présidentielles ;
- réaffirme sa volonté de contribuer à tous les efforts visant à résoudre les crises politiques et sociales que traverse le pays ;
- appelle à l'organisation d'un dialogue politique national inclusif visant à l’instauration d’un État de droit, fondé sur la justice, la démocratie, l'égalité, la liberté et la justice sociale;
- revendique que soit mis fin aux poursuites pour des raisons politiques contre tous les Mauritaniens à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
Il demeure constant qu’en toute circonstance, seul l'intérêt national suprême continuera de guider les relations du RFD avec le pouvoir et avec le reste des forces politiques pour le progrès du pays, sa sécurité et pour l’instauration d’un Etat de droit.
Nouakchott, le 17 Muharram 1441 - 17 septembre 2019
Le Bureau Exécutif