La communauté wolof de Mauritanie a éprouvé une grande déception après la publication de la liste des membres du premier gouvernement du président Mohamed Cheikh Ghazwani parce que, tout simplement dans cette configuration politico-sociale, aucune personnalité de cette composante de la nation mauritanienne n’apparaît sur cet attelage gouvernemental. S’agit-il d’une omission involontaire ou d’une erreur d’appréciation ? Quel que soit le cas, il convient de rectifier ce manquement qui a généré déjà des frustrations dont on se priverait, au regard des défis à relever dans le processus de consolidation de l’unité nationale et de partage équitable des ressources entre les populations. Alors, la communauté wolof, à l’instar des autres, rappelle ce droit d’une représentation au niveau de toutes les sphères de la République parce que son action citoyenne n’a jamais fait défaut et elle s’est toujours inscrite dans une logique de paix et de concorde sans laquelle notre pays ne peut se prévaloir de label démocratique et d’Etat de droit. Certes l’attribution d’un poste de ministre n’est pas une fin en soi, mais ce qui est important, à mon avis, c’est cette reconnaissance d’appartenance à la communauté nationale et de bénéficier du même traitement que les autres à tous les niveaux. Ainsi, les wolofs n’auraient plus cette impression d’être traités comme des citoyens de seconde zone alors qu’ils se sont toujours mobilisés dans l’œuvre de construction nationale ou de défense nationale. Pourtant, de brillants cadres existent dans le pays et à l’intérieur de la diaspora mauritanienne, donc l’incompréhension est d’autant plus profonde qu’elle espérait beaucoup de la vision politique du président Mohamed Cheikh Ghazwani dont le programme traduit les préoccupations des Mauritaniens en termes d’égalité et de réduction des disparités pour une meilleure prise en compte de la répartition équitable des richesses du pays. Cet engagement pour faire de la politique autrement afin de l’adapter aux aspirations des populations est largement partagé par ceux qui se battent aux fins de mettre la Mauritanie sur la voie de l’émergence économique et sociale. Dans ce tropisme, la contribution de l’ensemble des Mauritaniens est souhaitable pour que notre pays retrouve sa stabilité d’antan permettant d’associer, de manière inclusive, toutes les composantes sociales au processus de consolidation étatique et citoyenne. En tout état de cause, la communauté wolof de Mauritanie attire l’attention des autorités sur cette omission et les exhortent à y apporter les réponses idoines dans le respect des institutions de la République et de la cohésion nationale. Par ailleurs, elle ne ménagera aucun effort pour servir de levain face aux défis internes et externe de notre chère patrie. Vive la Mauritanie !
Moussa DIAW, Docteur en science politique, professeur à l’université Gaston Berger, originaire du village wolof de Guidakhar, wilaya du Traza.
Auteur de l’ouvrage : La politique étrangère de la Mauritanie, Paris, l’Harmattan, 1999, 270p.
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