Depuis plusieurs décennies, le système politique aux commandes est inhibé par son incapacité à se doter d’une force pensante et progressiste apte à opérer une mutation du paradigme politique.
Les mêmes hommes et femmes continuent d’’investir – disons- , d’envahir la scène politique de manière anarchique. Ils ont le « don » de développer des reflexes opportunistes. A l’affût de n’importe quel rendez-vous avec l’histoire, à la faveur d’un changement qui intervient dans le destin du pays si grave fut-il.
Ces caméléons de toutes les saisons ont applaudi les coups d’état, soutenu des réformes anticonstitutionnelles, voté des lois scélérates, et accepté que la Mauritanie s’allie avec le diable ou rompt avec des voisins séculaires.
Politicards aux muscles solides et aux dents très longues, ils n’ont pas fini de marcher au pas avec tous les régimes qui s’installent, faire la fiesta, jurer sur le texte sacré que le Président au pouvoir a réalisé ce que ses prédécesseurs n’ont jamais fait. C’est cette apologie du mensonge qui avait érigé Taya en « messie », avant de tourner pitoyablement la page de l’ex-dictateur rebaptisé chef d’orchestre de la gabegie.
Sidioca n’a pas non plus échappé aux huées de ses anciens courtisans quand arriva le faiseur des rois. Le même entourage qui le glorifiait n’a éprouvé aucun scrupule à déverser sa bile sur lui. Ces arroseurs ont accepté d’essuyer les plus sales calomnies en se laissant traiter de « mouvsidines » pour finir, sans se faire prier, par regagner le rang des infatigables louangeurs.
Depuis des années la Mauritanie est tirée dans tous les sens par ces matelots politiques de tous les temps et de tous les âges. Jusqu’à la dernière minute ils ont défendu mordicus un troisième mandat du président sortant. Avant de se dégonfler comme un soufflet. Aujourd’hui, ils ont embarqué dans la nacelle du dauphin de Mohamed Ould Abdel Aziz. Les clans politiques se bousculent et cherchent à se repositionner, rageusement. Tous les coups sont permis pour occuper la bonne place.
Chacun démontre sa capacité de mobilisation à travers sa tribu, sa communauté, son statut économique, intellectuel… Ce système est une puissante machine à recycler qui continuera pendant longtemps à régenter la vie du pays et à le conduire vers un avenir incertain.
Avec lui il est impossible de rêver d’une véritable alternance, gage d’une démocratie participative. Avec lui, l’opposition se disloque, les vieux leaders gagnés par l’âge tirent leur révérence sans gloire et les jeunes loups doivent garder leur mal en patience. Le peuple continuera d’être livré à toutes les ventes aux enchères.
Et la Mauritanie le supplice de l’éternel recommencement …
CTD