Plus de cent jours que le nouveau premier Ministre, Mohamed Salem Ould Béchir, a pris fonction à la tête d’un nouveau gouvernement, à la suite des élections générales de septembre. L’homme peine encore à enfiler son nouveau costume et se résigne à du surplace. Ses appels à violer la Constitution pour un troisième mandat ont précipité sa dépréciation.
Malgré son passage devant les députés et le discours copié-collé de ses prédécesseurs, l’action du chef du gouvernement est bien plus léthargique qu’on pouvait le soupçonner. Sans doute parce que le nouveau locataire traine avec lui un énorme déficit professionnel et un manque de légitimité politique. En fait, l’homme n’a fait que prendre le train en marche –après avoir failli faire dérailler celui de la Snim. Mais ce n’est, sans doute pas, sa faute, cette fois.
En effet, l’homme ne s’attendait pas à une telle promotion malgré les innombrables services rendus à son employeur. S’il pouvait se confondre, dans les précédents gouvernements, avec tous les ministres qui le composaient, Ould Abdelaziz ne lui a pas rendu l’ascenseur en l’exposant ainsi à l’appréciation de l’opinion. La mine timide, Ould Béchir est tout sauf une foudre de guerre. Il est bien loin du chef d’orchestre et du politique dont rêvait certainement Aziz en l’imposant à ce poste, au moment où l’optique du 3ème mandat était portée en étendard. D’ailleurs l’on se demande toujours comment le président Aziz, en fin de mandat, pouvait-il espérer insuffler, à un moment aussi crucial pour lui, une quelconque note d’espoir en nommant Béchir aux commandes du gouvernement ; lui qui a échoué à redresser la Snim et bien avant elle la Somelec (2009-2013)? Assurément, les raisons de cette « confiance» étaient ailleurs.
Un baptême avorté
Après son coup d’essai insipide à l’Assemblée nationale, le premier Ministre entrant, arrivé en sa qualité de simple militant UPR dont il n’appartenait pas au directoire, s’est englué dans une vaine tentative de se faire de la place. Malgré ses coups de boutoirs pour haranguer les gens du Chargh et ses appels au troisième mandat, en faveur de son mentor, Mohamed Ould Abdelaziz, Mohamed Salem Ould Béchir a visiblement raté le coche politique. Depuis l’homme semble mieux accepter sa position de figurant en revoyant à la baisse son ambition. Il faut dire que cette tentative de « susciter » le 3ème mandat n’a jamais été bien vue y compris dans le cercle du pouvoir. Depuis, le premier Ministre qui a remplacé sur l’échafaud, Yahya Ould Hademine, traîne cette tentative comme un boulet aux pieds. A 57 ans, plusieurs fois ministre (2013 et 2016), Ould Béchir découvre ses limites politiques. Ajoutons-y son « expérience » managériale des entreprises publiques et la sclérose qui sévit depuis plus de 100 jours à la tête du gouvernement pour mesurer l’ampleur de la déception de l’opinion publique déjà mal servie par une gestion désastreuse accentuant la promiscuité des populations. Ould Abdelaziz constate, mais un peu tard, qu’il avait misé sur un cheval perdant.
J.D