Au cours de la conférence hebdomadaire post-conseil des ministres du 21/02/2019, la ministre de l’Equipement et des Transports, Amal Mint Mouloud, dans son exposé portant sur le bilan des réalisations de son secteur pendant la période située entre 2009 et 2018, a annoncé que la compagnie Mauritania Airlines dispose d'une flotte de 4 avions et a ajouté que "cette flotte" sera renforcée par deux nouveaux avions dont un sera livré fin mars et le second vers la mi-avril prochain. Le gouvernement semble donc satisfait du bilan de cette compagnie qui au fil du temps est devenu un véritable gouffre financier. Pourtant il faudrait être particulièrement optimiste pour trouver des motifs de satisfaction dans cette bombe à retardement qui sera léguée au prochain gouvernement.
La jeune ministre aurait pu préciser que depuis sa création en décembre 2010, La MAI n’a fait que dilapider les ressources nationales sans jamais en rendre compte. Cette compagnie travaille comme une entreprise familiale dédiée au confort du chef de l’Etat et de sa famille. Avions souvent affrétées par la présidence au grand dam des passagers laissés en rade.
En 2010 la compagnie avait acheté dans des conditions opaques trois avions, un Boeing 737-700 acheté auprès de Air Sénégal Internationale et 2 Boeing 737-500 achetés auprès de la compagnie Tchèque CSA. Ces trois avions auraient couté un peu plus de 90 millions de dollars. Par la suite des Moteurs ont été loués pour continuer à faire opérer ces avions. Personne ne connait dans quelles conditions ces contras de location ont été passés ni qui en a profité. Ensuite la compagnie a acquis un 737-800 à 96 millions de dollars suivi un peu plus tard par un Embraer145 à une quarantaine de millions de dollars et enfin du « fleuron » de la compagnie un Boeing B737Max 8 payé 130 millions de dollars, rubis sur ongle. Si on y ajoute les deux Embraer E175s annoncés par la ministre pour un contrat ferme de 93,8 millions de dollars nous aurons un total qui avoisinerait les 450 millions de dollars de deniers publics engloutis par cette compagnie qui n’arrive pas à sortir de l’ornière. Si ça, ça n’est pas de l’abus de biens sociaux, alors il n’y a en a point nulle part ailleurs.
On se rappelle que lors de la faillite de Mauritania Airways, une compagne privée, son président Mohamed Ould Debagh avait passé plusieurs mois en prison sous un fallacieux prétexte. Et alors que ses avions avaient été utilisés pour transporter des troupes et du carburant. Aujourd’hui qui va-t-on emprisonner ? Du Président de la République au petit directeur commercial en passant par le ministre des Finances, les différents Directeurs généraux et même les fournisseurs et autres intermédiaires, tous sont responsables à des degrés divers de cette Chronique d’une mort annoncée. Jusqu’à présent cette compagnie n’a jamais publié de comptes, n’a jamais subi le moindre contrôle, n’a jamais versé le moindre impôt et n’a jamais fait l’objet du moindre audit. Pour ainsi dire c’est la navigation à vue. Et comble de l’échec, la MAI n’arrive même pas à desservir les destinations locale que desservait Air Mauritanie et Mauritania Airways. Et il est évident que ses difficultés seront accentuées par l’arrivée d’une nouvelle société émiratie à laquelle a été confié la gestion de l’aéroport Oum Tounsi et qui ne manquera de revoir ses tarifs à la hausse.
Aujourd’hui Mauritania Airlines relie Abidjan, Bamako, Brazzaville, Casablanca, Conakry, Cotonou, Dakar, et Las Palmas, à la capitale mauritanienne et à un vol affrété par un tour opérateur européen qui dessert Paris. Rappelons aussi que son projet de création d’une compagnie mixte avec le Niger est tombé à l’eau
BC