Les tractations, au sein de l’Alliance électorale de l’opposition démocratique (AEOD), traînent en longueur. C’est le moins qu’on puisse dire. Les militants et sympathisants de l’opposition se demandent ce que leurs leaders attendent, pour exprimer leur choix.
Cela fait déjà des semaines que la commission mise en place à cette fin est en conclave. Et l’absence de décision alimente les nombreuses rumeurs. « Des noms ont circulé, rien n’est arrêté », déclare un des membres de ladite commission, « mais la volonté des uns et des autres d’aller, ensemble, à cette échéance électorale est toujours forte ».
D’autres membres de l’AEOD ne cachent pas leur scepticisme : « les partis ont, presque tous, des agendas cachés ». De fait, ce n’est un secret pour personne que certains leaders de l’opposition, lassés de ronger leurs freins, attendent d’être désignés par leurs pairs. Il leur serait inacceptable, sauf à signer l’arrêt de mort de l’AEOD, que l’opposition se fasse imposer un candidat extérieur à ses rangs. Gros nuages, donc, sur la cohésion de l’Alliance...
On soupçonne également divers leaders des « grands » partis de la coalition de traîner les pieds, tandis que d’autres se feraient, dit-on, « tirer le nez », par le principal parti de l’opposition ; Tawassoul, pour ne pas le nommer. Les islamistes, c’est une réalité désormais établie, ont fini de s’imposer, par leur capacité de mobilisation et de financements.
Certains de leurs détracteurs les accusent d’avoir flirté avec l’actuel candidat désigné de la majorité présidentielle. Tawassoul voudrait préserver sa suprématie sur l’opposition et prêcherait, selon certaines confidences, pour un candidat externe aux rangs de la coalition. Il serait soutenu, en cela, par deux autres partis de l’opposition.
Autre inconnue, la candidature de l’homme d’affaires Ould Bouamatou, en exil forcé à l’étranger, depuis près d’une dizaine d’années. L’opposition voudrait en faire son candidat mais elle sait, d’avance, que c’est peine perdue.
Car l’homme est sous mandat d’arrêt international : une fois au pays, il ya fort à parier qu’il se retrouvera aux arrêts une fois qu’il touche le sol national. C’est peut-être pour cela que l’AEOD pencherait, selon d’autres confidences, pour l’ex-PM, Sidi Mohamed Ould Boubacar, en contact suivi, semble-t-il, avec l’homme d’affaires exilé.
De quoi régler, dans l’un et l’autre cas, le problème du financement de la campagne électorale ? Une raison suffisante pour que l’opposition sacrifie son combat et serve, sur un plateau d’argent, une aubaine à Ould Boubacar? Bon technocrate, celui-ci ne partage en rien les thèses de l’opposition. Une d’autant plus grosse faiblesse qu’on ne lui connaît aucun engagement politique, ni quelconque prise de position, par rapport aux questions nationales.
Ce serait ces obstacles qui feraient traîner les tractations au sein de l’opposition. L’AEOD veut sortir tête haute de cette épreuve délicate, probablement décisive pour son avenir. Y parviendra-t-elle ? On a d’autant plus de mal à avancer une réponse que certains ses membres mêmes en doutent… Et, pendant ce temps, le temps passe, inexorablement…
DL (Le Calame)