Etymologiquement l'alternance est le passage d'une situation à une autre. D'après le politologue français Léo Hamon, l'idée à retenir est celle de la « succession régulière, de recommencement répété dans une donnée de la même séquence reprise et défaite et reprise et défaite encore. » L'alternance se caractérise «comme la dévolution du pouvoir, selon les règles constitutionnelles établies, d'une majorité à une autre. »
Comment garantir une alternance démocratique malgré les sirènes révisionnistes des députés félons de la majorité ? Quel rôle pour la société civile et la classe politique pour casser le légendaire pouvoir à vie dans notre pays ? L’opposition, pour une fois parviendra-t-elle à créer une alternance civile et démocratique ?
Au crépuscule du second et dernier mandat du Président Mohamed ould Abdel Aziz, conformément à notre constitution en vigueur, le débat se crispe autour d’une éventuelle volonté de ce dernier de modifier cette dernière afin de pouvoir briguer la magistrature suprême après avoir passé deux mandats à la tête du pays.
Le Chef de l’État n’a jamais dit qu’il veut un 3ème mandat. Mais il entretient toujours ce mystère de rester dans la scène politique après 2019.
L’éclatement de la classe politique, l’hypocrisie des élites et le clientélisme de la société civile sont des facteurs qui seront sans doute en faveur d’un possible maintien du pouvoir actuel en 2019.
Mais comment passer à l’alternance ?
Il faut impérativement pousser la réflexion. Et quelques options imminentes s’imposent.
1- La renaissance des forces vives.
Ceci est d’une nécessité plus qu’impérieuse. Toutes les forces républicaines du pays doivent se retrouver au sein d’une plate-forme citoyenne à l’image de 2008 pour contraindre le pouvoir central de quitter à temps sans compromettre l’élan démocratique en cours dans les accords de Dakar en 2009. Mettre les égos de côté et trouver un candidat unique, consensuel derrière lequel un bloc se forme sur la base d’un contrat commun.
2- La mise en en œuvre d’une stratégie éloignant l’armée de la politique, il s’agit donc d’entamer un dialogue avec l’armée comme l’a mentionné la sénatrice Maalouma Mint Meydah lors du dernier congrè For Mauritania sur «une alternance pacifique et ordonnée au sommet de l'Etat », pour éviter le retour des militaires au pouvoir. Ce scénario à ne pas exclure serait très nuisible pour notre démocratie et va enterrer tous ces opposants qui seront inaptes de diriger de manière lucide et efficace.
3- Une CENI de consensus nationale accompagné d’un observatoire des partis politiques et de la société civile à la machine à voter.
En fin le meilleur pour le pays serait de provoquer une alternance intelligente et à temps. C’est au Chef de l’État d’être du côté de l’histoire et non des histoires de nature à compromettre notre vivre ensemble et déconstruire tout espoir de démocratie.
L’alternance en 2019 est bien possible.
Cheikh Ebnou
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