« Après l’élection du président de l’assemblée nationale, la nomination du nouveau gouvernement, que répondez-vous à ceux qui estiment qu’il y a une surexposition communautaire au sommet des institutions en Mauritanie, que toutes les composantes nationales n’y sont pas représentées ? »
Cette question a été posée aux représentants de l’Alliance électorale de l’opposition démocratique (AEOD) mauritanienne, mercredi, au cours d’une conférence de presse à Nouakchott. Réponse d’Ahmed Ould Daddah, président du RFD et de Mohamed Ould Maouloud, président de l’UFP.
Ahmed Ould Dadddah : « Si vous touchez à l’une des composantes de l’œil, vous risquez d’avoir de sérieux problèmes de vision. »
«La Mauritanie est comme l’œil avec le blanc et le noir. Si vous touchez à l’une des composantes de l’œil, vous risquez d’avoir de sérieux problèmes de vision. Je ne suis très porté vers les équilibres, mais l’important est que la Mauritanie, telle qu’elle est, non pas telle que l’on veut qu’elle soit, soit présente, vue et vécue dans toutes les administrations, dans toutes les structures publiques et, à fortiori au niveau du gouvernement de la République. Donc, tout ce qui fait fi de cette règle de bonne entente, de bonne coexistence non seulement pacifique mais féconde, est mauvais pour la Mauritanie, pour les mauritaniens et constitue une menace pour l’avenir de ce pays, de ce peuple.»
Mohamed Ould Maouloud : « Cette marginalisation, exclusion est une menace très forte.»
"La gouvernance en matière de gestions des grands équilibres du pays et de la représentation de toutes les composantes de notre peuple dans le visage institutionnel était une préoccupation permanente de tous les gouvernements. Même s’ils avaient d’autres faiblesses, ces gouvernements tenaient plus ou moins, le plus souvent moins, de donner au pays une image où chacun se retrouve dans les institutions.
Pour la première fois, nous avons un gouvernement qui ne tient pas compte de cela, qui ne semble pas préoccupé de donner à chaque mauritanien l’impression qu’il est représenté dans les institutions du pays. En se comportant ainsi, il va provoquer des réactions qui, justement, portent atteinte à la cohésion nationale. Il est le responsable principal des torts, des dommages que peut subir l’unité nationale par ce comportement. Très clairement, il est chauvin. Il considère qu’il y a une communauté qui est seule à avoir le droit d’être visible dans les institutions du pays. Et les autres, on peut les oublier, les négliger.
Après avoir bouclé ces nominations dans les institutions, il est clair, comme l’a dit le président Ahmed Ould Daddah, que l’œil de la Mauritanie, telle qu’on le voit aujourd’hui, est tout blanc. Et, un œil tout blanc est aveugle et extrêmement dangereux pour la cohésion nationale. Je pense que tout le monde doit dénoncer cela et doit considérer que nous avons besoin de la cohésion nationale. Chaque communauté nationale a le droit de se sentir représentée à tous les niveaux. Cette marginalisation, exclusion est une menace très forte.
Pour, justement, faire face à tous ces torts faits aux piliers essentiels de la stabilité de la Mauritanie, il faut le respect de la volonté populaire qui est toujours mise en cause. Nous venons de voir un pouvoir s’engager ouvertement, scandaleusement dans une compétition électorale municipale (second tour des municipales repris à Arafat et El Mina) en utilisant l’Etat, ses ministres, sa police, son armée, ses chefs de services pour imposer un choix aux populations. Ça montre que nous sommes face à un pouvoir qui ne respecte pas le peuple dans son ensemble. C’est pourquoi, nous opposition, appelons le peuple, les communautés, à s’unir, justement, pour en finir avec ce pouvoir qui divise, qui marginalise."
Le Quotidien de Nouakchott