Cette citation du célèbre syndicaliste et militants québécois Michel Chartrand, ne trouve-t-elle pas toute sa signification à l’aune des événements qui se déroulent sous nos yeux en Mauritanie ?
Il y a huit mois que le sénateur Mohamed Ould Ghadda est emprisonné, après avoir été détenu en dehors de tout cadre légal pendant 20 jours et, le gouvernement représenté par le ministère public n’a, pour le moment, rien apporté pour étayer les accusations fantaisistes dont il l’accable.
Le maintien en détention provisoire de Mohamed Ould Ghadda montre, s’il en était besoin, que l’Etat de Droit, le respect des procédures et l’indépendance de la justice, sont toujours de vains mots en Mauritanie. Ce ne sont pas les délinquants surtout en cols blancs qui ont le plus à craindre de la justice mais les honnêtes citoyens, pour peu qu’ils ne plaisent pas ou qu’ils ne sont pas dans les bonnes grâces des gouvernants du moment.
Lorsque les magistrats cèdent à la tentation d’user, et parfois d’abuser du placement en détention provisoire sans autre fondement que celui intolérable d’exaucer le vœu du pouvoir politique. Pour le cas d’espèce, le déficit évident de l’instruction a été comblé par un ramassis de colportage issus de correspondances violées sans états d’âmes. Cette immixtion du pouvoir politique paralyse l’évolution normale d’un dossier et la détention préventive qui est une exception devient un instrument pour faire plier les récalcitrants. Les Magistrats ou le ministre de la Justice qui viendraient à manquer aux devoirs de leur état : devoirs d’impartialité, d’indépendance, d’intégrité, de respect de la présomption d’innocence, et de réserve, ne saurait échapper à cette forme de responsabilité pour laquelle il pourrait être amené à rendre compte un jour.
En Mauritanie, le Ministre de la Justice, le Procureur de la République, le juge d’instruction et les commissaires de Police déploient tous les moyens mis à leur dispositions par la collectivité nationale pour exercer de l’injustice contre un citoyen et ce dans l’indifférence quasi générale de la classe politique. Les droits individuels et collectifs sont bafoués et les magistrats et leurs auxiliaires sont tenus de se conformer et de céder aux humeurs et caprices du président Mohamed Ould Abdel Aziz. On accuse, on inculpe, on emprisonne, on place sous contrôle judiciaire, on libère ou on gracie au gré de l’humeur du « Président Fondateur » comme le nomment désormais certains thuriféraires. Ces autorités judiciaires sont transformées en véritables Tontons macoutes au service de leur « maitre ».