« On ne brise pas une chaine avec un cheveu »
Sur l’article «La marque indélébile de la "Seiba"» un lecteur, Kouleyb (H) a ainsi réagi :
"En lisant cet article, écrit par un intellectuel, d’un milieu traditionnellement modéré, je repense à la question que se posent nos enfants aujourd’hui : où est la vérité, dans ce que l’on apprend, à l’école et à la maison ? En effet, l’article cite les composantes du peuple Mauritaniens, qui ont tissé l’histoire de notre pays, sans faire la moindre mention des communautés négro-africaines. Est- ce parce qu’elles n’ont jamais existé ? Auquel cas, que penser de ce que raconte l’autre version de notre histoire, qui fait mention de royaumes, de rois, d’érudits, de guerriers, uniquement négro-africains ? Qui croire et quoi répondre à la question des jeunes écoliers dont l’avenir est laissé aux soins de cette « Seiba » dont parle l’auteur de l’article et à la théorie des FLAM pour qui les Beydhanes sont (***) venus du Yemen ? La question reste entière : QUI CROIRE ? ".
Quand j’ai esquissé l’article sur la "Seiba", un phénomène historique et pan propre et commun de l’histoire multi raciales de la Mauritanie, il n’était nullement question pour moi d’occulter les composantes négro africaines ou de renier leur place séculaire, encore moins celui de leur rôle prépondérant tout au long de l’histoire du pays depuis la nuit des temps, ni enfin de m’empêcher de consacrer un article sur le corollaire de "la Seiba" qui a ponctué cet autre pan de l’histoire commune, façonné la conduite des sociétés négro africaines, définit leurs relations et, qui continue au-delà de jeter par des marques indélébiles le discrédit sur une structure sociale où - malgré les grandes valeurs sociétales et l’apport incommensurable de l’Islam par eux propagé et grandement défendu contre toutes les épreuves dont la colonisation - l’injustice de l’hiérarchisation arbitraire pèse lourdement sur les castes de secondes zones. Et Dieu sait combien elles sont nombreuses et manquent de chaud dans le tissu général au même titre que celles de la société maure.
N’est-ce pas, hélas, que c’est bien cette lourde injustice qui dénature aujourd’hui encore l’action des composantes négro-africaines dans leur action légitime pour le recouvrement de leurs droits légaux et dont en premier recouvrer dans l’Etat de droit la juste place qui échoit dans le pays de tous ; Une injustice qui crève les yeux et qui est dérive d’une "stratification" dont les fondements, la philosophie et les aboutissants remontent aux époques des grands empires et royaumes antagonistes où l’esclavage était le premier trophée des conflits. Un avilissement des hommes qui au fil du temps donna naissance à une stratification par le métier (esclaves, cordonniers, pécheurs, forgerons, tisserands, griots, et…) qui s’apparente à ses corollaires partout ailleurs au moyen âge, notamment en Europe où le tissu social se subdivisait en Seigneurie dont les comtes, les vicomtes, les chevaliers, le clergé, et en sous peuple subdivisé en serfs, vilains, sans-culottes et autres ; L’exercice de tous les métiers faisant la richesse de cette seigneurie, asseyait et affermissait sa main mise et son pouvoir.
Or depuis la naissance de l’Etat central par la volonté et avec la bénédiction du colonisateur français, les négro-africains évoluent, au même titre et avec les mêmes entendements que ceux de leurs concitoyens maures, c'est-à-dire dans la nébuleuse de la stratification sociétale.
Et ce sont, par voie de conséquence, les fils de grandes familles des castes dites de la noblesse du haut de l’échelle, qui vont participer à la déclaration de l’Etat naissant, et y occuper, pour ce faire, les grands postes de responsabilité et le devant de la scène politique au détriment des couches du bas de la stratification; Ces couches de seconde zone qui continuent malheureusement à ce jour - certes à une échelle moindre par la force de l’éveil ambiant - de payer les lourds tributs de la sous valorisation, de l’inconsidération et du respect banalisé de la part de la noblesse héréditaire jadis encouragée par le colonisateur venu pourtant remuer les fondements sociétaux injustices chez toutes les composantes l’avant Etat central.
C’est pour cela que, aujourd’hui encore, cette noblesse qui s’agrippe aux pans de l’histoire - à dessein de perpétuer de bénéficier en son nom des avantages d’une suprématie devenue chimérique - agit par des accointances avec chaque régime qui vient au pouvoir ; Des accointances qui ont l’étoffe d’une mixture politique alliant l’hypocrisie à la peur de perdre les privilèges matériels de l’Etat providence d’une part, et sociaux de l’héritage médiéval de la stratification, d’autre part.