La Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM) avait, pendant la période d’euphorie, décidé de construire à Nouakchott un immeuble de haut standing situé à la place dite « des blocs rouges ». La construction de cet édifice était censée répondre à la volonté de l’entreprise de participer à la modernisation du centre de ville de la capitale et d’offrir aux opérateurs économiques des espaces pour bureaux. L’immeuble devait refléter l’image de l’entreprise et de son « label qualité » L’immeuble en question trône actuellement « majestueusement » au centre ville de Nouakchott et a été inauguré dans le cadre des festivités commémoratives du 28 Novembre dernier par le président Ould Abdel Aziz. L’immeuble est constitué d’un sous-sol utilisé comme parking, d’un Rez-de-chaussée qui abritera le hall d’entrée, accueil, des agences (banques, assurances, etc.), un 1er étage réservé aux restaurants, cafés, et snacks, et de 14 autres étages qui sont destinés à être des plateformes de bureaux. La « Tour » devait être desservie par trois escaliers et trois ascenseurs. Mais ça, c’est ce qui était prévu. On est passé par bien des soubresauts et péripéties pour aboutir à la structure difforme et brinquebalante qui domine aujourd’hui le paysage de la capitale. La SNIM avait octroyé le marché dans des conditions obscures que nous avions relatés au QDN en 2012, pour un montant de 15 millions d’euros auxquels se seraient ajoutés deux autres millions d’euro au titre d’un avenant qualifié par beaucoup connaisseurs de, complaisant. Bien entendu les travaux accusent aujourd’hui plus de deux ans de retards sans que cela fasse l’objet de la moindre pénalité. Mais l’explication de la magnanimité des autorités mauritanienne trouve son explication dans le fait que le partenaire de la société Atersa, en charge des travaux, (filiale du groupe espagnol Elecnor) n’est autre que Hammadi Ould Bouchraya un proche de la présidence. A l’époque, notre papier nous avait valu un droit de réponse cinglant assorti de menaces de poursuites judiciaires. « A l’ouverture des offres, Elecnor a été le moins disant. J’invite également le journal à s’adresser à la direction des projets de la SNIM pour voir si la procédure a été un gré à gré ou une compétition contraignante où l’avantage a été donné à la meilleure offre. Pour la petite histoire, Elecnor a déjà gagné, avec un autre partenaire national, un important projet en Mauritanie qu’elle a exécuté dans les conditions et délais requis. Elle n’est donc pas une inconnue dans les anales de nos BTP. » Nous assena-t-il sur le ton du reproche. Mais les vœux pieux sont une chose et la réalité une autre. En effet il suffit juste de passer à coté de l’édifice, et nul besoin d’être ingénieur ou architecte pour constater que d’énormes fissures lézardent tout le bâtiment, surtout au niveau de la mezzanine. Pire l’un des gros poteaux qui supporte toute la structure semble être coupé en deux (voir photos) mais qu’aurait on pu attendre d’un marché accordé dans des conditions si douteuses. A titre de comparaison l’immeuble de la BMCI ex Afarco construits dans les années 70 par l’entreprise mauritanienne SOMACO TP, est aujourd’hui rénové après presque 50 ans de bons et loyaux services par une autre entreprise mauritanienne, ELIF qui s’acquitte de cette tâche avec compétence et professionnalisme dans la mesure où contrairement à l’entreprise espagnole, il n’ y a aucune gène pour le voisinage. Soulignons que la même société espagnole avec les mêmes partenaires, avait obtenu, dans des conditions tout aussi douteuses, le marché du parc éolien de Boulenouar pour plus de 100 millions de dollars US tout comme elle a eu le « privilège » d’établir un partenariat avec le gouvernement mauritanien et la société MACOGER (Ould Bouchraya) pour le lancement d'une usine de production de panneaux photovoltaïques société qui s’est vue accorder aussitôt au conseil des ministres une concession d’un terrain d'une contenance de 2 hectares pour l'installation de ses locaux et des équipements destinés à la fabrication de panneaux photovoltaïques. C’est dire qu’une société qui bénéficie d’autant de privilèges et de protection a peu de chance de se voir demander des comptes par des autorités dont on a toutes les raisons de croire qu’elles en profitent. Toujours est-il que la Tour de la SNIM et avant même d’être remise est au centre d’une polémique. Elle est un danger pour les passants mais aussi et surtout pour les casses cous qui voudrait s’y établir. En tout état de cause il est impératif de conduire une étude indépendante pour savoir quels dangers nous courons tous. En tout état de cause la sonnette d’alarme est tirée. B.C.