Nous, organisations signataires de la présente déclaration, déplorons qu’en dépit de toutes les campagnes et saisines adressées aux Autorités mauritaniennes au sujet du trafic des personnes vers l’Arabie Saoudite qui a commencé en 2015 et qui malheureusement se poursuit encore faisant chaque jour des victimes qu’on envoie dans des mauvaises conditions et qui constituent des cas de vente avérée,
nous regrettons que cette opération est menée avec la complicité des Autorités mauritaniennes comme nous regrettons également les déclarations du Pouvoir affirmant avoir fermé les bureaux des trafiquants alors qu’ils existent toujours et exercent régulièrement leurs activités jouissant de toutes les facilités que l’Etat leur accorde.
Ce dernier a signé l’année dernière une Convention bilatérale avec le Royaume d’Arabie Saoudite dans le domaine de l’envoie des travailleurs domestiques.
Cette Convention n’est autre qu’une couverture légale donnée aux chefs de bureaux qui pratiquent le trafic des personnes, en plus, elle ne donne aucune garantie aux personnes soit disant travailleurs domestiques, car toutes les questions qui se rapportent aux droits des travailleurs ne sont pas cernés ni pris en compte dans le cadre de cette Convention notamment :
- Contrat de travail conformément aux dispositions de la réglementation et normes du travail en vigueur ;
- La protection sociale ;
- Le congé payé et les billets d’avion qui en découlent ;
- Le salaire de base mensuel ;
- Les primes d’éloignement ;
- Le repos hebdomadaire etc.
- Le respect des horaires règlementaires de travail.
Ces derniers temps, nous avons enregistré plusieurs cas de trafics de personnes et qui aujourd’hui se débattent pour chercher à revenir au pays dont notamment Aiche Mint Mohamed Dabou de mère Aichetou née en 1997 orpheline qui a laissé derrière elle un bébé de moins de deux ans et ses sœurs orphelines ayant acceptées de partir pour chercher à subvenir aux besoins de sa petite famille par le biais du bureau de Monsieur Hadrami Ould Bousbaie avec sa complice Marième Mint Namou ;
Le cas de Mme Lalla une victime du trafiquant Nema Ould Mewnak, assistée l'AFCF dont le dossier judiciaire porte le n° 266/2018, déposé par son mariMohamed Mohamed Vall et soutenu l’AFCF et SOS-Esclaves ; plusieurs autres cas existent dont les victimes connaissent des difficultés à avoir le contact avec leurs parents.
Nous organisations : CLTM, SOS-Esclaves et AFCF dénonçons et condamnons avec vigueur ces pratiques ignobles qui constituent des crimes contre l’humanité et exigeons :
1. Le rapatriement de toutes les personnes envoyées en Arabie Saoudite dans le cadre du travail domestique.
2. La fermeture effective de ces bureaux de trafics et la traduction en justice de ces commanditaires dont notamment Hadrami Ould Bousbaie, Marième Mint Namou et Nema Ould Mewnak.
3. qu’il soit mis à terme cette Convention bilatérale signée entre la Mauritanie et l’Arabie Saoudite.
4. Le règlement de l’ensemble des droits et réparations subis par les victimes de 2015
5. Lançons un appel à toutes les organisations éprises de paix et de justice de s’investir pour le rapatriement de toutes les mauritaniennes victimes de ces pratiques éhontées.
6. Enfin exigeons du Gouvernement mauritanien d’adopter une loi interdisant aux mauritaniens d’aller dans ce pays dans le cadre de travail domestiques à l’instar de beaucoup d’autres pays.
Nouakchott 27 mars 2018
CLTM - SOS Esclaves - AFCF