Notre pays vit un tournant décisif de son histoire qui met le pouvoir en place devant une alternative impérieuse :
Soit faire preuve de responsabilité en œuvrant, conformément aux aspirations de tous les mauritaniens, à résoudre la crise politique dans laquelle le pays se débat depuis plusieurs années, du fait de la gestion unilatérale des affaires publiques. Dans cette approche, le pouvoir devrait s’atteler, en concertation avec les forces politiques agissantes, à initier un processus électoral consensuel qui rassure tout le monde, garantit la neutralité de l’Etat - particulièrement du pouvoir exécutif - et offre des chances égales à tous les acteurs. Ainsi seulement ce processus serait susceptible de déboucher sur une alternance véritable à la veille d’échéances législatives, municipales et régionales décisives, et en prélude à un scrutin présidentiel déterminant marquant la fin du dernier mandat de l’actuel chef de l’Etat.
Soit persister dans sa gestion unilatérale du processus électoral en privilégiant la confrontation et l’exclusion par rapport à l’apaisement et le dialogue, et s’entêter à mettre toute l’autorité et tous les moyens de l’Etat au service d’un pouvoir personnel contre tous les autres acteurs politiques. Il va sans dire que cette attitude ne servira qu’à accentuer la crise politique avec des conséquences qui peuvent se révéler désastreuses sur la stabilité et l’avenir de notre pays ; car qui ferme la porte au changement démocratique à travers les urnes, ouvre la voie aux changements à travers des secousses et des dérapages aux conséquences incontrôlables.
Tous les indices incitent à penser que le pouvoir en place semble pencher, jusqu’à présent, pour la deuxième option consistant à chercher à imposer sa volonté et à mettre tous les acteurs devant le fait accompli, afin de maintenir le système actuel d’une manière ou d’une autre. Les agissements auxquels le pouvoir s’adonne actuellement suscitent des inquiétudes tout à fait justifiées quant au déroulement du processus électoral en vue. On peut citer, à cet égard :
La fuite en avant pour faire passer les textes relatifs aux prochaines échéances et aux organes chargés de les superviser, sans aucune concertation avec un large spectre d’acteurs politiques significatifs, ainsi délibérément exclus et ignorés ;
L’implication directe des ministres, conseillers, directeurs de sociétés d’état et hauts fonctionnaires, n’ayant aucune responsabilité ou attribution connue dans le parti du pouvoir , dans la campagne d’implantation de celui-ci ; ce qui constitue une instrumentalisation flagrante de l’autorité de l’Etat et de l’Administration par un protagoniste contre tous les autres ;
l’obligation faite aux fonctionnaires de l’Etat, aux notables et aux hommes d’affaires, à coup d’intimidation et de promesses, d’adhérer au parti du pouvoir et de soutenir son projet dans une tentative de s’imposer par la force et de museler toutes les voix qui réclament le changement démocratique dans le pays ;
la vaste campagne menée au grand jour par les soutiens du pouvoir pour collecter les pièces d’identité des citoyens, en usant de toutes sortes de pressions, de corruption et d’achat des consciences ;
le chantage exercé sur les hommes d’affaires appelés à collecter des centaines de millions d’ouguiya destinés à financer la campagne de du parti du pouvoir actuel, tandis que tous ceux qui contribuent aux financements des activités de l’opposition démocratique sont poursuivis et accusés de corruption et de crimes transfrontaliers .
Le FNDU, tout en condamnant fermement la persistance du pouvoir en place à prendre en otage l’Etat et de ses moyens et leur instrumentalisation à son service exclusif, appelle toutes les forces patriotiques et tous les citoyens, à se dresser comme un seul homme afin d’exiger :
Un processus électoral consensuel qui garantisse la neutralité de l’administration et l’égalité des chances entre l’ensemble des acteurs et ouvre la voie à une alternance réelle et pacifique au pouvoir ;
L’arrêt immédiat des actes de chantage, d’intimidation et de collecte de cartes d’identité ainsi que l’instrumentalisation des moyens et des fonctionnaires de l’Etat au profit du parti du pouvoir ;
Une observation rigoureuse et complète des prochaines élections par des institutions internationales compétentes, crédibles et rompues à l’observation des élections à l’instar de l’observation dont a bénéficié l’élection présidentielle de 2007 ; sachant que le pouvoir en place s’est toujours refusé à solliciter une telle observation, se contentant, pour toutes les élections qu’il a organisé, de la présence d’observateurs envoyés par des institutions incompétentes et complaisantes.
Le FNDU réitère la nécessité d’une concertation nationale dans un climat politique apaisé afin de créer les conditions objectives pour désamorcer la crise politique et organiser des élections consensuelles qui permettent une alternance véritable qui met fin au pouvoir personnel et remet le processus démocratique sur le droit chemin.
Nouakchott, le 26 mars 2018
La Commission Exécutive