Dix-huit personnes ont été tuées dimanche soir dans une attaque terroriste menée contre un café-restaurant situé en plein cœur de la capitale burkinabè, selon le bilan provisoire annoncé lundi matin par le gouvernement dans un communiqué. Les forces de sécurité ont mené un assaut vers 4 heures du matin contre les terroristes retranchés dans le bâtiment.
Après de longs et nourris échanges de tirs, l’assaut des forces spéciales burkinabè a pris fin, ce lundi aux environs de 5h TU mais à l’aube, le périmètre autour du café-restaurant Aziz Istanbul restait bouclé.
La police scientifique était déployée sur le site et le procureur de la République devait se rendre sur le terrain. Une enquête a été ouverte après cette attaque qualifiée de « terroriste » par les autorités.
Selon Remis Dandjinou, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, 18 personnes ont été tuées, dont deux terroristes. Parmi les victimes se trouvent des « Burkinabè » et des « étrangers », a-t-il expliqué sans plus de précisions.
Cette nouvelle nuit d’horreur à Ouagadougou a débuté aux environs de 21 heures lorsque le café-restaurant Aziz-Istanbul situé sur l’avenue huppée et centraleKwame Nkrumah a été pris pour cible.
Certains témoins ont évoqué des assaillants venus à moto, d’autres ont parlé d’un 4X4. Selon un serveur du café-restaurant, « trois hommes sont arrivés à bord d’un véhicule 4×4, sont descendus du véhicule et ont ouvert le feu sur les clients assis sur la terrasse » de ce café fréquenté par une clientèle expatriée.
Prise d’otage avant l’assaut
Arrivée rapidement, la police a évacué des civils avant l’arrivée de l’armée et de la gendarmerie, et les tirs, nourris au départ, sont ensuite devenus sporadiques, a rapporté un journaliste de l’AFP. D
es assaillants se sont ensuite retranchés dans les étages de l’immeuble avec des otages, avant que les forces spéciales ne lancent l’assaut. Le ministre de la Communication a confirmé lors d’un point presse lundi matin que « des personnes ont été retenues » par les assaillants, et que « certaines ont été relâchées », mais sans donner plus de détails.
« Actuellement nous sommes débordés », a confié un chirurgien. « Nous avons reçu une dizaine de blessés, dont trois qui sont décédés. La situation des autres blessés est très critique. Trois sont pris en charge actuellement en bloc opératoire ». « Nous avons évacué onze personnes mais un (homme) est décédé dès notre arrivée à l’hôpital. Il s’agit d’un Turc. Une dame a également succombé à ses blessures à l’hôpital », a déclaré un ambulancier.
L’avenue s’est vidée de ses passants immédiatement après l’attaque, seuls des véhicules des forces de sécurité et des ambulances restant sur les lieux. Le maire de Ouagadougou, Armand Béouindé, le ministre de la Sécurité, Simon Compaoré, et le ministre de l’Énergie, Alpha Omar Dissa, sont arrivés sur les lieux de l’attaque peu de temps après.
Même avenue et même mode opératoire qu’en janvier 2016
Cette attaque rappelle celle menée le 15 janvier 2016, à seulement quelques centaines de mètres de là. Déjà sur l’avenue Kwame N’Krumah, des terroristes avaient alors pris pour cible le Café Cappuccino, l’hôtel Splendid, l’hôtel Yibi puis le café Taxi-Brousse, selon un mode opératoire semblable.
C’était la première fois que la capitale burkinabè était ainsi la cible d’une attaque terroriste. Revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), cette attaque avait fait 30 morts et 71 blessés, en majorité des étrangers.
Frontalier du Mali et du Niger, le Burkina Faso est le théâtre d’attaques jihadistes régulières depuis 2015. En décembre 2016, une douzaine de soldats burkinabè avaient été tués dans une attaque contre un détachement de l’armée basé dans le nord du pays.
En octobre 2016, une précédente attaque avait fait six morts, quatre militaires et deux civils. Plusieurs enlèvements ont aussi été perpétrés, de Burkinabè comme d’étrangers. Un Australien et un Roumain, enlevés en 2015, sont toujours captifs de groupes islamistes liés à Al-Qaida.
Le Burkina Faso, petit État sahélien d’Afrique de l’Ouest, pauvre et enclavé, a réaffirmé le 18 juillet la nécessité de « lutter contre le terrorisme » avec son voisin la Côte d’Ivoire, également touchée par un attentat jihadiste en 2016 (19 morts à Grand Bassam).
Le Mali voisin a aussi été le théâtre de plusieurs attaques visant des étrangers : contre le restaurant La Terrasse (mars 2015, cinq morts), contre l’hôtel Radisson(août 2015, 13 morts), et dernièrement, en juin, contre un écolodge près de Bamako (cinq morts).
J.A via cridem