Six prisonniers islamistes mauritaniens en grève de la faim condamnés pour “terrorisme”, dont quatre à la peine capitale accusent les autorités et les organisations humanitaires d’indifférence à leur sort.
Ils réagissaient notamment à des déclarations du porte-parole du gouvernement, Mohamed Lemine Ould Cheikh, estimant qu’un condamné à mort n’avait aucun droit à revendiquer.
“Ces prisonniers font l’objet de condamnations à mort et la vie est un des droits les plus élémentaires qu’il convient de préserver pour un individu. Dès lors que la justice lui a retiré ce droit, la réclamation d’autres droits ou revendications reste sans objet”, a affirmé M. Ould Cheikh, au cours d’un point de presse lundi.
Ces six islamistes, arrêtés à des dates différentes à partir de 2009, sont détenus à la prison centrale de Nouakchott, a précisé leur porte-parole, dans des textos envoyés à la presse.
“Notre condamnation à mort ne nous ôte pas nos droits en tant qu’êtres humains, qui sont reconnus et préservés par toutes les législations du monde”, a affirmé ce porte-parole, estimant les propos du ministre “indignes et incompréhensibles”.
“L’observance du ramadan nous oblige à réduire notre alimentation à un verre d’eau le soir, à l’heure de la rupture du jeûne”, a-t-il indiqué, en référence à ce mois sacré du calendrier islamique, qui a débuté samedi en Mauritanie.
“Deux parmi nous sont dans le coma: Mohamed Ould Chbih et Bekrine Ould Hmeida”, a-t-il affirmé.
La grève de la faim de six détenus a été confirmée mardi à l’AFP par une source pénitentiaire, sans autre indication, notamment sur leur état de santé.
“Nous ne pouvons que constater avec amertume le silence coupable des autorités et des organisations humanitaires”, déplorent les grévistes de la faim, dans un communiqué consulté mardi par l’AFP, affirmant avoir débuté leur mouvement il y a deux semaines.
Ils réclament notamment “l’amélioration de leur nourriture, la normalisation de la visite de leurs parents dont leurs épouses “.
En 2016, une trentaine de prisonniers salafistes mauritaniens avaient observé une grève de la faim de plus de deux mois pour obtenir une amélioration de leurs conditions de détention, durcies selon eux après l’évasion d’un jihadiste condamné à mort, qui a depuis été rattrapé.
La peine capitale n’a plus été appliquée en Mauritanie depuis 1987.