Avril 2015, Sidi Ould Tah, est désigné à la tête de la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA). Il était depuis le 31 aout 2008, et jusqu’à sa nomination à ce nouveau poste, ministre mauritanien des Affaires économiques et du Développement (MAED). Il laissera derrière lui un bilan économique et financier effarant. Le hasard de l’actualité rappelle aux mauritaniens le lourd legs financier et économique et le douloureux souvenir laissé derrière lui par l’ancien ministre des affaires économiques et du développement, Sidi Ould Tah. En effet, la dernière réunion (42ème) du Conseil des Gouverneurs de la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA), organisée à Rabat les 18 et 19 avril 2017, fait remonter à la surface, deux ans après son départ, le bilan très peu élogieux dont l’ancien MAED, Sidi Ould Tah, a gratifié ses compatriotes et sa dextérité à travestir les chiffres. Un manipulateur dans l’âme qui fera certainement des siennes dans la caverne d’Ali Baba. Il y a donc fort à craindre que les bilans des comptes des recettes et dépenses pour l’exercice clos au 31 décembre 2016 de la Badea adoptés ne déroge à la pratique de celui qui a contribué à imploser l’économie de son pays et à la soumettre à un surendettement sournois. Après-moi, le déluge ! Il n’y avait pas eu donc de quoi pavoiser pour les mauritaniens à l’annonce de la nomination de l’ancien MAED aux commandes de la Badea. «Bon débarras» pensaient beaucoup de ses compatriotes et notamment des cadres du MAED qui voyaient en l’ère Sidi Ould Tah, une période trouble dans la gestion financière et économique du pays. Curieusement ce qui donnait lieu souvent chez les mauritaniens une once de narcissisme à voir des compatriotes briguer les hautes sphères a été perçu, dans ce cas, comme une délivrance. On dit de l’homme qu’il « cultive la discrétion ». Une discrétion lugubre qui sied beaucoup au manque de transparence érigée par un système dont il était l’un des fidèles apôtres. C’est évidemment ici la clé de l’ascension fulgurante quoique les traces néfastes restent toujours indélébiles. "La Mauritanie va atteindre le statut de pays à revenu intermédiaire d’ici peu, assure Sidi Ould Tah. Les effets des projets structurants réalisés ou engagés se feront sentir d’ici deux ou trois ans. Dans quelques années, on ne parlera plus de pauvreté en Mauritanie, mais de prospérité partagée." Cette déclaration est faite par Sidi Ould Tah, alors MAED, dans un entretien à Jeune Afrique, en 2013. En 2017, la Mauritanie ne s’est jamais sentie aussi mal et la pauvreté y est devenue endémique. En fait de chiffres, ce sont des chiffres truqués et malsains. Un couvert de vernis fait sur la base des recettes des secteurs miniers et de la pêche qui ont très vite été dilapidées dans une extraversion économique sans lendemain. De mal en pis ! Pire, dès les premiers soubresauts de la crise, l’effondrement des cours mondiaux des matières premières (2014-2015) a fait le reste. L’optimisme béat de Sidi Ould Tah a fait place à l’amère réalité de la crise au sein de la Snim (la plus longue grève des mineurs). Le pays survivait grâce aux emprunts, Sidi Ould Tah, savait mieux que quiconque que la dette du secteur public avait atteint plus de 93 % du PIB en cette période. La déconfiture économique et financière inéluctables avaient convaincu l’ancien ministre à trouver un refuge plus certain pour lui. Aucun embarras de choix pour lui. Il quitte le navire au creux de la tempête. Le pays est en ruines avec une économie et des finances exsangues et une forte perception de corruption (rapport Transparency international de 2015). En 2014, la Mauritanie est située à la 124ème place sur 175 dans le monde sur le triste registre du rapport sur la corruption. Le douloureux legs d’une gangrène économique a eu pour conséquence une hausse de l’inflation (5%) et l’arrêt d’activité de la Snim-Sem. Même s’il n’en est pas le seul responsable, en décembre 2015, un mouvement de grogne sociale jamais connu dans l’entreprise qui subvenait à 70% du budget de l’Etat l’a paralysée l’entreprise. Les secousses continuent de se faire sentir aujourd’hui. Le pays malgré une hausse récente des prix du fer ne s’en est pas jamais remis. De pays émergent en 2016, selon l’ancien MAED, aux déboires économiques dans lesquelles il patauge aujourd’hui, la Mauritanie n’est pas encore sortie de l’auberge. Avec toutes les crises connues par le pays. Et, il laisse des casseroles. Sidi Ould Tah avait inauguré ses forfaits économiques par la signature le 7 juin 2010 de l’une des conventions les plus polémiques de l’histoire du pays : la convention avec la société chinoise Poly Hondone Pelagic Fishery Co. Ltd. Un investissement de 100 millions Usd contre 80 à 100 tonnes de poissons par an et pendant 25 ans au profit des chinois. Ne parlons même pas des avantages discaux et domaniaux concédés. Si la convention a fait couler beaucoup d’encre, Ould Tah gardera pendant longtemps le protocole de cette convention qui alloue aux chinois l’accès à la pêche au poulpe surexploité et interdit, aux partenaires européens, dans les secrets de ses ténébreux tiroirs du MAED. Mais ils ont fini par refaire surface démasquant l’opération liant le pays un quart de siècle durant. La prise en main par notre compatriote, Sidi Ould Tah, de la Badea jette le discrédit sur le sérieux d’une institution, la première du genre des pays arabes, destinée au financement du développement de l’Afrique. Une mauvaise publicité dont les pays arabes auraient bien pu se passer. Une nomination qui ne relève assurément pas du mérite professionnel au regard de son bilan personnel. Il faut donc chercher ailleurs les raisons profondes de cette promotion inexpliquée. La vigilance est de mise.