Une éventuelle modification de la Constitution défraie la chronique dans le pays. Des membres du gouvernement ont manifesté le désir d’octroyer un 3ème mandat au président Mohamed Ould Abdel Aziz. Un ballon d’essai qui a du mal à passer. La classe politique de l’opposition monte au créneau et dénonce le tripatouillage en vue.
«Le déverrouillage de ces articles (de la Constitution) concernant l’âge du Président doit s’étendre également à ses mandats limités à deux par la Constitution». Telle est la phrase du député Khalil Ould Tiyeb de l’Union pour la République (parti au pouvoir) qui révèle les intentions du gouvernement. Il s’appuie sur une proposition d’une partie de l’opposition qui prend part au dialogue national qui a démarré depuis le 29 septembre dernier. Celle-ci a demandé la rallonge de l’âge des candidats à la magistrature suprême. Il est actuellement de 75 ans.
Cette déclaration de Khalil Ould Tiyeb suscite un tollé général et des réactions vives surtout de l’opposition «radicale» qui a refusé de prendre part aux assises. Elle voit dans cette sortie du député une volonté manifeste de «sauter le verrou» de limitation de mandat. Elle dénonce une manœuvre qui vise à permettre à Mohamed Ould Abdel Aziz de rempiler.
Le président du parti islamiste Tewassoul, Jemil Ould Mansour du parti islamiste Tewassoul a souligné que le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) qui regroupe une quinzaine de partis politiques et dont il est membre «ne saurait prendre part à une mascarade dans laquelle l’idée d’un changement de mandats présidentiels peut être évoquée». Le regroupement politique qualifie les assises nationales de «monologue sans objet».
Même le parti modéré l’Alliance populaire progressiste (APP) qui participe au dialogue national n’apprécie pas les intentions à peine voilées des autorités mauritaniennes. Il a tenu à rappeler par la voix d’un de ses responsables, Mohamed Lemine Ould Naty, que la limitation des mandats «ne figure pas à l’ordre du jour convenu».
Le mystère Mohamed Ould Abdel Aziz
«Je n’ai jamais dit, à aucun moment, que j’allais modifier la Constitution pour me représenter. J’ai fait deux serments pour la respecter. Ils sont plus forts que ce que je dirai à l’avenir», avait déclaré le Président mauritanien il y a quelques mois. Un démenti qui, en réalité, visait à calmer les esprits. En effet, en mars dernier, ses ministres avaient provoqué la colère de l’opposition en laissant entendre qu’il faut accorder un mandat de plus à Mohamed Ould Abdel Aziz. Deux mois plus tard (en mai), il a annoncé la tenue d’un référendum pour supprimer le Senat. Une proposition face à laquelle l’opposition a mis en garde. Elle soupçonnait les «desseins inavoués qui sont derrière le tripatouillage constitutionnel envisagé par le pouvoir».
Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 2008, le président Mohamed Ould Abdel Aziz (qui fêtera ses 60 ans en décembre prochain), un ancien général, a été élu en 2009, puis réélu en juin 2014 pour un second mandat de cinq ans. Récemment, il a déclaré qu’il respectera son serment et promis «ne rien faire» pour modifier le nombre de mandats.
Anani GALLEY
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