Deux délégués du personnel de la société Mauritanie Logistic, spécialisée dans le domaine de la logistique et du transit, licenciés en juillet dernier, pour « raisons économiques » se battent depuis lors pour leur réintégration, à défaut le paiement de leurs salaires et indemnités.
« Nous ne pouvons pas accepter que la société nous congédie de manière abusive piétinant de la sorte certaines règles du code du travail mauritanien.Tout comme, nous ne pouvons pas faire passer en pertes et profits 15 ans d’ancienneté en acceptant comme certains de nos anciens camarades deux mois de salaires et débarrasser le plancher», fulmine Doudou Mamadi Simakha, un des délégués du personnel compressé. Pourtant cinq de leurs camarades ont accepté leur licenciement moyennant deux mois de salaires.
C’est le 21 juillet que Mauritanie Logistic SA avait procédé à un licenciement collectif des travailleurs arguant de la « situation économique » pour entamer une restructuration de son organisation, dispensant néanmoins les compressés, à«titre tout à fait exceptionnel de l’exécution du préavis, qui vous sera néanmoins rémunéré ».
Les deux délégués réfutent cette thèse évoquant la non compression des travailleurs tunisiens disposant d’avantages (salaires exorbitants, résidences louées à leur profit, personnel domestique, véhicules…) pouvant bien les rémunérer. Selon eux, cette « décision unilatérale de les licencier constitue une suite logique de suppression d’avantages et de droits sociaux acquis ». Ils ont commencé par nous priver du restaurant, selon eux.
Mauritanie Logistic qui a remplacé Schenker, n’a pas daigné répondre à la correspondance de Amadou Tidjane Fall, l’inspecteur régional du travail, en charge du règlement de ce conflit, qui avait invité la société à « reconsidérer les délégués, comme appartenant toujours à l’entreprise, et de bien vouloir s’acquitter des salaires impayés, en vue d’éviter des situations conflictuelles ». Par la même occasion, il rappelait à cette entreprise « l’annulation du licenciement prononcé à l’encontre des deux délégués», suite à un recours hiérarchique auprès du ministère du travail.
Saisi par Dah Ould Nouh et Doudou Mamadi, suite à leur « licenciement abusif », le département en charge du travail avait annihilé la compression. Néanmoins, les responsables de Mauritanie Logistic n’entendaient pas exécuter cette injonction. Ils ont décidé de saisir la Cour Suprême.
Après avoir passé une fête sans salaires, ces deux travailleurs fulminent leur colère contre leur employeur qui a décidé depuis trois mois de bloquer leur compte.
Porté devant l’inspection du travail de Nouakchott-Sud, ce conflit n’a pas trouvé de solution. Les différentes tentatives de conciliation se sont soldées par des échecs. Mauritanie Logistic s’arcboute sur sa position avec fermeté.
Saisi par Le Calame, le responsable des ressources humaines de MauritanieLogistic a estimé que ce licenciement collectif suite à l’autorisation de l’inspecteur régional du travail, est lié à des "raisons économiques". "Suite à la résiliation de notre contrat avec Tasiast, qui était notre activité principale, nous avons jugé nécessaire de procéder à une compression après avoir rempli toutes les formalités nécessaires et surtout suite à l’accord de l’inspecteur régional du travail, de licencier les délégués. Sept d’entre eux ont consenti à leur départ et deux ont intenté un recours. Nous croyons avoir respecté toute la procédure légale, en application de la législation mauritanienne du travail", dit-il.
Son de cloche différent. Les délégués compressés estiment n’avoir jamais été lié dans les prestations effectuées pour le compte de Tasiast. A les en croire, des travailleurs avaient été recrutés en 2015 et ont été remerciés en février 2016. Tandis qu’eux ont été virés le 21 juillet au moment où ils s’acheminaient vers un accord sous l’égide de l’inspection du travail.
Signalons que Mauritania Logistic s’était vu octroyer en 2015 le marché juteux de Tasiast. Cette décision n’avait pas fait pas l’unanimité dans les cercles de la profession.
Les deux délégués protestataires dénoncent cette fuite en avant d’une société peu soucieuse des travailleurs mauritaniens et de leur sort préférant privilégier des étrangers sans permis de travail. « Une main-d’œuvre onéreuse. Toutefois,Mauritanie logistic peut se le permettre d’autant que cette société est la propriété d’un proche du pouvoir peu soucieux des travailleurs qui ont passé la Tabaski dans des conditions peu reluisantes», ont-ils déploré.
Le Calame