Le Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU), principal pôle de l’opposition mauritanienne, vient de réaffirmer son refus, catégorique, à entrer dans un dialogue dont l’agenda et les modalités sont arrêtées par le gouvernement. Une déclaration qui remet, tout simplement, les pendules à l’heure. Et coupe court aux nombreuses spéculations sur l’évolution de la position du Forum. Divers media laissaient en effet entendre que « les lignes étaient en train de bouger », suite aux contacts préliminaires entrepris, par le pouvoir, en direction de diverses personnalités de l’opposition. Les propos du président de la République, selon lesquels il n’a jamais été question, pour lui, de modifier la Constitution, en vue de s’offrir un troisième mandat, n’a donc pas suffi à convaincre le FNDU et le RFD. La majorité et plusieurs observateurs voyaient, dans la confidence présidentielle, un pas important dans la décrispation, répondant à un des préalables posés, par l’opposition, à tout dialogue. Peine perdue donc.
A en croire un de ses leaders, le forum campe sur deux exigences principales, sans la satisfaction desquelles il est hors de question d’accepter de dialoguer avec le pouvoir. En un, susciter les conditions propices à l’organisation d’élections transparentes, équitables et consensuelles. L’opposition voudrait que les deux années restant, avant le départ, annoncé en 2019, du Président, soient consacrées à la préparation des élections générales. Une de ces conditions : la neutralité effective de l’administration et des corps armés. Pas question que le président sortant et ses suppôts soutiennent un challenger contre un autre. La mise en place d’organes consensuels et donc indépendants, comme la CENI, doit matérialiser cette distanciation, en prenant soin de ce que le ministère de l’Intérieur et sa direction des élections ne puissent s’y substituer, pour « gérer » le scrutin. Les audits du fichier électoral et de l’agence d’enrôlement complètent ce premier volet revendicatif.
En deux, revenir sur l’agenda unilatéral décrété depuis Néma. Le président de la République y avait fixé une date-butoir, pour tous les candidats au dialogue. Une attitude irrecevable, après les critiques acerbes formulées à l’encontre de l’opposition et de ses leaders. Pour le FNDU, les modalités, le format du dialogue et son chronogramme doivent tous faire l’objet d’un consensus entre les parties, sans lequel il ne se hasardera pas à s’engager dans un dialogue dont l’issue est connue d’avance.
La claire mise au point du Forum intervient au lendemain de la première réunion préliminaire des partisans du dialogue convoqué par le pouvoir. La rencontre aura surtout contribué à cabrer une opposition qui avait pourtant vu « un signe positif », dans la sortie du Président auprès de la presse étrangère. Que va faire le pouvoir ? Poursuivra-t-il les contacts, afin de convaincre le FNDU et le RFD, ou se contentera-t-il de lancer « son » dialogue avant le sommet de la ligue arabe, point de mire de toute l’action gouvernementale ? La fin du Ramadan approche. Eclairera-t-elle nos lanternes ?
DL (Le Calame)