« En Mauritanie, l’exercice des droits fonciers des petits exploitants, notamment les femmes, se heurte à des pratiques et coutumes qui les défavorisent, en termes d’accès et de contrôle des ressources foncières », déclare Sarr Mamadou, président du FONADH (FOrum NAtional des Droits Humains). Selon lui, les femmes représentent un taux important de la main-d’œuvre rurale agricole, dans les petites exploitations familiales, sans jouir, en général, d’une sécurisation foncière en rapport de leur investissement personnel. Des propos tenus à l’ouverture, lundi 6 Juin, d’un atelier de lancement du projet de renforcement du pouvoir citoyen pour la sécurisation foncière, l’accès et le contrôle de la terre par les femmes. N’étant pas propriétaires des terres qu’elles occupent, elles ne peuvent y réaliser, poursuivait Sarr, des investissements durables ni bénéficier de crédits bancaires consistants. Cette situation les confine dans la précarité, leur accès au foncier n’est pas toujours garanti et encore moins sécurisé.
Le foncier apparaît de plus au centre de tous les enjeux, en Mauritanie. Il constitue le principal facteur de production, de lutte contre la pauvreté et de développement dans l’espace rural. C’est pour résoudre les problèmes générés autour de lui que le FONADH et son partenaire OXFAM ont décidé de mettre sur pied le projet de renforcement du pouvoir citoyen pour la sécurisation foncière, l’accès et le contrôle de la terre par les femmes. Une action financée par l’Union Européenne, à hauteur de 250.000 euros (120 millions d’ouguiyas), pour une durée de deux ans. « Cela va permettre, à OXFAM et son partenaire, le FONADH, de mettre en œuvre une des portes d’entrée de ses objectifs stratégiques de changement et de contribuer, ainsi, au renforcement du pouvoir citoyen des communautés les plus vulnérables », souligne Roger Aubé, directeur d’OXFAM en Mauritanie.
« La mise en œuvre de ce projet va surtout renforcer », précise madame Lalla Aïché Oudraogo, présidente du Réseau des Organisations pour la Sécurité Alimentaire (ROSA), « les connaissances et les capacités des coopératives agricoles et pastorales et des exploitants familiaux, pour contribuer à la sécurisation de leurs droits fonciers et à la promotion de l’accès et du contrôle de la terre par les femmes ».
En 2015, OXFAM-Mauritanie a adopté sa nouvelle stratégie 2015-2019. Celle-ci s’organise autour de deux axes, explique le directeur d’OXFAM en Mauritanie, « d’une part, le renforcement du leadership transformateur des femmes et, d’autre part, la sécurisation foncière, l’accès et le contrôle de la terre, par les femmes rurales, dans le but de contribuer à l’amélioration de la gouvernance foncière du pays ». L’objectif général du projet est, d’ailleurs, de « contribuer à l’amélioration de la gouvernance foncière en Mauritanie, à travers le respect du droit à la terre des populations ». Son objectif spécifique vise, lui, à « renforcer les connaissances et les capacités des coopératives agricoles et pastorales et des exploitants familiaux, pour contribuer à la sécurisation de leurs droits fonciers et à la promotion de l’accès et du contrôle de la terre par les femmes », ajoute Djigo Abdoulaye Seydi, responsable de projet
Cibles : cent vingt coopératives agricoles et pastorales, quarante exploitants familiaux
Les zones d’intervention du projet sont situées au Brakna (communes d’Aéré Mbar et Niabina/Garlol) et au Gorgol (Néré Walo et Djéol). Les partenaires principaux d’exécution sont le FONADH, via les cliniques juridiques des observatoires du FONADH, à Bababé et à Kaédi ;. OXFAM et le CRAFM. Résultats escomptés : les coopératives agricoles et pastorales, ainsi que divers exploitants familiaux, des quatre communes susdites et les antennes régionales ROSA du Brakna et du Gorgol sont informés, formés, outillés et accompagnés et entreprennent les démarches de sécurisation de leurs terres, prévues par la loi ».
Le Calame