Il s’appelle Hamedi Camara. Il vit en France depuis 2009. Il est de Hassi Chagar, de la région du Guidimakha. Il milite au sein de la diaspora en faveur des Droits de l’Homme depuis plusieurs années. Il est aujourd’hui victime, comme bien des Noirs, du racisme de l’état Mauritanien. Il n’est pas recensé à ce jour. Il est loin d’être le seul. Il a accepté de sortir de l’anonymat pour permettre d’éveiller les consciences.
Depuis le 25 Mars 2013, date de début de l’enrôlement en France, il lutte pour garder sa citoyenneté Mauritanienne. La situation ne lui était pas favorable en cette période au vu des conditions qu’il ne pouvait pas remplir.
Il y a quelques mois, il a repris ses démarches auprès de l’ambassade de Mauritanie à Paris. Il est en possession de tous les documents requis. Toutefois, le jugement de décès de sa défunte mère qui présentait pourtant toutes les caractéristiques d'un document normal, administrativement parlant, fait l’objet d’un rejet incessant et sans fondement. Mais hélas, au pays de AZIZ, l’administration se démarque le plus souvent du chemin qui mène à l’éthique. Il a été délivré à Hamedi Camara un jugement de décès qui ne porte pas son nom et prénom mais qui porte tout de même sa photo ! A qui la faute ? Le comportement irresponsable et non professionnel, l’amateurisme prononcé et la négligence des administrateurs au sein des instances étatiques en Mauritanie sont à l’origine de ce genre de dérives. Cette fois-ci, en la présence de quelques membres du Comité de Soutien aux Détenus d’Aleg en France avec lesquels il se bat depuis l’arrestation de Biram Dah Abeid, président de IRA, on lui signifiera qu’il devra retourner le document en Mauritanie pour correction. Mais le problème majeur est tout autre maintenant : Le nom de Hamedi à disparu, comme par enchantement, de la base de données - Rappelons que lors de sa première visite, à la reprise de ses démarches, son numéro d'identification nationale avait fait l’objet de recherche fructueuse - Désormais, tous ses efforts ainsi que ceux des membres du comité, ceux-là même qui avaient exprimé une volonté de le soutenir et de l’aider à communiquer avec le personnel de l’administration de l’état civil demeurent, cependant, vains et le compteur est remis à zéro. Il doit retourner en Mauritanie pour se faire recensé, lui a-t-on dit.
Aujourd'hui, tout espoir de restituer à Hamedi Camara un droit à un enrôlement possible s’amenuise car non numéro d’identification initialement en son nom est attribué à une autre citoyenne d’origine Beydane. N’est-ce-pas du déjà vu? C’est ce que cachait l’autre face de l’iceberg !
Ce jeune homme si engagé, si motivé, si juste, si intrépide, si « Mauritanien » est maintenant livré à lui-même en occident sans aucune identité. Il est devenu apatride. Il est une victime type de la politique d’exclusion et d’épuration ethnique sciemment initiée par le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz ; une citoyenneté rejetée en Mauritanie, un droit au séjour refusé en France ! Que doit-il faire ? Rester en France ? Retourner en Mauritanie ? Dans son cas, il en existe pourtant des milliers !
Voici une preuve vivante de la conséquence d’une politique qui contribue à la « Dé-Mauritanisation ». Hamedi Camara, par cet acte courageux, en décidant de lever le voile sur la situation qu’il vit, que beaucoup vivent, il souhaite alerter le monde entier sur l’existence d’un apartheid en Mauritanie qui ne dit pas son nom. Le rang des victimes ne cesse de grossir. Dieu seul sait combien de Mauritaniens noirs s’inquiètent pour leur avenir en pensant perdre dans les jours, les mois ou les années à venir ou en ayant déjà perdu ou même être dans l’impossibilité de s’octroyer leur droit à la résidence en France et à la citoyenneté à cause des conditions humiliantes du recensement.
L’affaire de ce jeune Hamedi Camara est l’affaire de tous. De loin ou de près, chacun est concerné par cette histoire. Elle demande le concours, l’engagement et la volonté de tous. Il n’est pas normal qu’un recensement qui a commencé en Mai 2011 continue de faire des victimes au lieu d’avoir permis l’enrôlement de tous. Il n’est pas concevable qu’il ne soit pas fini depuis fort longtemps. Il n’est pas non plus normal et digne de laisser continuer cette mascarade nous pourrir notre vie de tous les jours. Nous ne pouvons pas continuer de cacher que nous sommes malheureux. Mais dans la dignité, et seule dans la dignité, nous pouvons lutter pour nous libérer de nos malheurs.
La liberté d’un ensemble doit primer sur les libertés individuelles. Et le sentiment d’avoir trouver notre propre liberté ne garantit pas pour autant notre épanouissement et ne suffit pas pour assurer notre intégrité. Nous ne pouvons pas recouvrer notre liberté en toute sécurité dans une unité où tout le reste est maintenu par des chaines.
Source Ndiaye Diabè dit Thomas membre du comité de soutien aux détenus d'Aleg via ocdvih