« Si je meurs d’ici-là, la cheffe du centre du bureau Etat-civil de la polyclinique est en partie responsable »,nous confie avec amertume Samba Mamadou Kamara, ancien gendarme matricule 2024, né le 31 décembre 1950.
En effet, depuis 26 avril 2016, le retraité a introduit une demande de passeport pour effectuer ses consultations médicales en Espagne. Souffrant gravement d’une maladie rare, Kamara n’arrive pas à décrocher ce document à cause des procédures administratives draconiennes imposées par le centre de recensement au niveau de la Polyclinique.
« Le motif du refus jusqu’ici demeure l’absence de filiation de mes frères et sœurs », déclare avec étonnement l’ancien gendarme… Il a beau jurer qu’il est fils unique, personne n’a daigné l’écouter. « D’abord, pour l’octroi de mon passeport, la cheffe du centre m’a exigé la présentation des papiers de mes 7 enfants pourtant tous recensés depuis 2013.
Chose que j’ai faite. On m’a donné un délai d’une semaine et le jour venu, je ne puis récupérer mon passeport. La cheffe m’a demandé les papiers d’état civil de mes frères et sœurs alors que je suis fils unique. Je lui ai dit d’aller demander à tous les habitants de Keadi.
Nul n’est plus mauritanien que moi, et tout le monde connait l’histoire de ma famille même si désormais mon service à la nation mauritanienne n’a aucune valeur symbolique », raconte Kamara Samba Mamadou avant d’ajouter : « Si elle veut m’octroyer une filiation que Dieu m’a privée, je s’en serai reconnaissant ».
La mise en garde de l’ancien gendarme sonne comme une épée de Damoclès sur la tête de la fonctionnaire de l’administration : « J’ai un rendez-vous médical urgent en Espagne et je ne peux être retenu injustement en Mauritanie car je souffre d’une maladie intraitable en Mauritanie.
Et je préviens, si par une certaine incompétence ou un racisme qui ne dit pas son nom, on me retient ici jusqu’à l’expiration de mon rendez-vous, je porterais plainte contre elle devant toutes les juridictions nationales et internationales. Car il s’agit-là d’une violation d’un droit fondamental ratifié presque dans toutes conventions adoptées par notre pays ».
Rappelons que les procédures du recensement des populations sont rendues de plus en plus dures par l’agence mauritanienne des populations et des titres sécurisés (AMPTS). Une nouvelle circulaire exigeant des candidats au concours d’entrée de première AS (des élèves de 10 ans) de disposer obligatoirement d’une pièce d’identité pour accéder aux salles d’examen à partir du mois de juin.
A ce niveau d’avancement de l’année scolaire, cette décision a été largement jugée absurde par l’opinion publique. Le cas de l’ancien commissaire Sall Djibril Zakaria avait tout de même mobilisé plusieurs militants. Il a fallu une pression médiatique pour qu’il se voie octroyer un passeport pour répondre à l’invitation de ses enfants au Canada.
propos recueillis par Sileye Bâ RIMI INFO via cridem