Exclusif- Isabella Lovin, ministre suédois de la Coopération internationale à "mauriweb.info": « Le public a le droit de savoir combien on paie, combien on pêche, comment et par qui».  | Mauriweb

Exclusif- Isabella Lovin, ministre suédois de la Coopération internationale à "mauriweb.info": « Le public a le droit de savoir combien on paie, combien on pêche, comment et par qui». 

lun, 14/03/2016 - 09:38

Dans un entretien exclusif, Isabella Lovin, ministre suédoise de la coopération internationale, nous livre ses sentiments sur sa visite en Mauritanie, les perspectives de la renforcer Elle évoque aussi les conditions de transparence pour la mise en place de l’initiative de transparence dans le secteur des pêches (FiTi), en Afrique.

 

Mauriweb.info : Vous venez juste de terminer une visite en Mauritanie. Vous avez rencontré les hautes autorités mauritaniennes. Pouvez-vous nous dire ce qui a été examiné afin d'améliorer la coopération entre la Suède et la Mauritanie? 

Isabella Lovin : Oui, j'ai visité la Mauritanie pour assister à la Conférence du FiTI, où j'ai été invitée comme oratrice principale, en raison de mon engagement de longue date pour une pêche durable. Bien sûr, j'ai également rencontré le président et des membres du gouvernement. Nous avons discuté des relations entre la Suède et la Mauritanie. Nous avons un intérêt commun pour une pêche durable, et nous avons également discuté plus largement sur le développement durable, l'importance de la lutte contre la corruption et l'importance de la transparence ainsi que de la liberté de la presse

Mauriweb.info : Justement à propos de la Conférence FiTi tenue à Nouakchott ; qu’en pensez-et que peuvent en attendre tous les partenaires dans le secteur des pêches pour améliorer les résultats du FiTi?

Isabella Lovin : Je pense qu'il est excellent que la Mauritanie prenne les devants dans cette initiative pour la transparence dans la pêche, où d’autres importants pays comme l'Indonésie et le Sénégal ont aussi adhéré. Ce qui maintenant devrait être développé, ce sont les normes techniques du FiTI.  Sur ce registre, la transparence me parait nécessaire dans au moins trois domaines : les paiements effectués, les captures et les accords dans le domaine de la pêche. Le public a le droit de savoir combien on paie, combien on pêche, comment et par qui. 

Mauriweb.info : Quels seraient les avantages concrets de la transparence dans les pêches africaines en ce qui concerne les activités de la pêche industrielle dans nos eaux?

Isabella Lovin : C’est très important pour deux raisons ; tout d'abord pour lutter contre la corruption. En publiant tous les accords permettant l’accès à la pêche, les termes des accords, les numéros OMI des bateaux impliqués. Dans ce cadre, la société civile et des médias libres peuvent demander des comptes aux décideurs responsables. Deuxièmement, il est essentiel de préserver les ressources marines. Une transparence totale sur les prises est nécessaire pour faire des évaluations des stocks, et c’est aussi important pour les populations et les pêcheurs locaux qui devraient avoir un accès prioritaire aux poissons. C’est seulement s’il y a un excédent qui ne peut pas être pêché par les pêcheurs locaux, que la pêche peut être autorisée pour les flottes étrangères.

Mauriweb.info : Pensez-vous qu'une initiative comme la FiTI répondra parfaitement à nos attentes? 

Isabella Lovin : Cela dépendra de tous les intervenants qui y participent. Il est trop tôt pour le dire.

Mauriweb.info : Qu’est-ce qui est nécessaire pour s'assurer que cela ne devienne pas simplement un exercice de « blanchiment» pour les gouvernements africains, afin d’attirer davantage d'investissements étrangers sans changer les comportements opaques?

Isabella Lovin : Ce qui est nécessaire, c’est le véritable engagement par les gouvernements et la pleine participation des acteurs de la société civile et des organisations extérieures. Il est également important de garder à l'esprit que les gouvernements gagnent à adopter la transparence et la durabilité- pour l'UE, c'est une condition pour les accords de pêche. L’UE négocie uniquement pour avoir accès au surplus de poissons, ce qui ne peut pas être pêché par les populations locales. Ensuite, les pays devront publier tous leurs accords, s'ils veulent un accord de pêche avec l'UE. C'est ce qui a changé avec la nouvelle politique de pêche commune de l’UE.

Mauriweb.info : Que font l'Union européenne et la Suède pour impulser davantage de transparence dans les pêches africaines?

Ma dernière réponse quant aux nouvelles conditions de la politique de pêche commune de l’UE est à ce sujet éloquente.
 

Mauriweb.info : Vous avez été une des combattantes les plus impliquées, au niveau de l’UE pour défendre la pêche responsable et durable sur les côtes africaines. Maintenant, en tant que Ministre suédoise de la coopération internationale, qu’est ce qui peut être promu pour aider les pêcheurs en Afrique?

Isabella Lovin : La Suède est engagée de plusieurs façons pour soutenir la recherche sur les pêches et le renforcement des capacités en Afrique. Nous voyons que la pêche est une source de revenus importante pour des millions de personnes et aussi une source importante de protéines. Il faut éviter que tout soit détruit par la surpêche. C'est pourquoi nous incluons maintenant une gestion durable des pêches dans notre stratégie de coopération régionale pour l'Afrique. 

 

Propos recueillis par

Jedna DEIDA