
Ce lundi, le Président de la République, Monsieur Mohamed Cheikh El Ghazouani, a présidé, depuis le palais présidentiel, la réunion du Conseil supérieur de la magistrature. Cette session a été l'occasion pour le chef de l'État de réaffirmer avec force le caractère prioritaire et urgent de la réforme du secteur judiciaire, présentée comme un pilier indispensable à la consolidation de l'État de droit et à la confiance des citoyens.
Une priorité nationale non-négociable
D'emblée, le Président El Ghazouani a fixé le ton en déclarant que « la réforme de la justice est une priorité nationale qui ne saurait souffrir de report ou de retard ». Il a insisté sur le rôle fondamental de la justice en tant que socle pour garantir la stabilité sociale et renforcer la crédibilité des institutions de l'État. Cet appel à l'action traduit une volonté politique affirmée de traduire les engagements en résultats concrets.
Cette ambition réformatrice se heurte cependant à un diagnostic sévère, largement partagé : la justice mauritanienne demeure très imprévisible, encore minée par des influences incompressibles d'ordre politique, religieux et tribal. Cet aveu implicite, en filigrane des discussions, souligne l'ampleur du défi. La réforme ne vise donc pas seulement une modernisation administrative, mais bien une transformation profonde des pratiques et une affirmation de l'indépendance du pouvoir judiciaire face à des pressions extérieures.
Un bilan et des décisions structurantes pour 2025
Le Conseil a examiné le bilan des activités judiciaires de l'année 2025 et discuté de la mise en œuvre du document national pour la réforme. Plusieurs décisions majeures ont été actées, dessinant les contours d'une justice rénovée :
-Promotions et intégrations : Confirmation de la promotion de 2 022 juges et intégration d'une nouvelle promotion, visant à dynamiser le corps judiciaire.
-Éthique et transparence : Adoption d'un code de déontologie actualisé pour les magistrats et approbation de mutations judiciaires basées sur des critères professionnels et transparents, pour limiter l'arbitraire.
-Qualité du service : Adoption de recommandations pour améliorer les prestations judiciaires rendues aux justiciables.
Une feuille de route ambitieuse pour 2026
Le secteur de la justice a présenté un plan d'action prioritaire pour le premier semestre 2026, marquant la phase opérationnelle de la réforme. Les chantiers annoncés sont vastes :
-Renforcement des effectifs : Recrutement de nouveaux juges et greffiers ;
-Modernisation législative : Révision du cadre juridique de la justice ;
-Formation d'excellence : Mise en place de l'Institut supérieur de la magistrature, crucial pour la formation initiale et continue des magistrats ;
-Infrastructures : Amélioration des conditions matérielles (tribunaux, équipements) ;
-Gestion des carrières : Adoption d'une approche transparente pour la gestion des magistrats.
En clôture, le Conseil a salué le dévouement des acteurs de la justice (juges, greffiers, auxiliaires). Il a réaffirmé son engagement à poursuivre la réforme avec pour objectif final l'instauration d'une justice indépendante, impartiale et efficace. Cette institution est perçue comme la clé de voûte pour renforcer durablement l'État de droit et restaurer la confiance des citoyens et des résidents en Mauritanie.
La présidence de cette réunion par le chef de l'État symbolise l'importance accordée à ce dossier. Si les défis sont immenses, la feuille de route est désormais tracée. Sa mise en œuvre effective, à l'abri des influences dénoncées, sera le véritable test de la volonté de transformation du système judiciaire mauritanien.

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