
La participation de la Mauritanie au Salon africain du commerce interafricain (IATF 2025) à Alger, vantée par la ministre du Commerce et du Tourisme Zineb bint Ahmednah et appuyée par le patronat, illustre une fois encore la confusion persistante entre communication politique et véritable stratégie économique.
Des stands décorés, mais où sont les marchés ?
La ministre s’est félicitée du « rayonnement » du pavillon mauritanien, mettant en avant la diversité des produits exposés. Mais l’essentiel manque : aucune feuille de route claire pour transformer cette vitrine en contrats concrets. L’événement se limite trop souvent à des visites protocolaires, des photos souvenirs et des déclarations convenues. Pendant ce temps, les exportations mauritaniennes restent concentrées sur une poignée de produits bruts (minerai de fer, poisson, or), sans véritable percée dans les marchés africains.
Le mirage du partenariat algérien
La rencontre avec le ministre algérien du Commerce, Tayeb Zitouni, a été présentée comme une opportunité pour renforcer la coopération dans la protection du consommateur et la régulation du marché intérieur. Mais derrière les belles paroles, aucune annonce tangible, aucun mécanisme précis, aucun calendrier de mise en œuvre. On parle d’« échanges d’expériences » alors même que la Mauritanie peine à assurer la transparence des prix sur son propre marché.
Un patronat plus suiveur que moteur
Le président de l’Union nationale du patronat mauritanien, Mohamed Zein El Abidine Ould Cheikh Ahmed, a salué la participation « Made in Mauritania ». Mais là encore, on reste dans la rhétorique : aucun investissement structurant, aucune stratégie offensive pour conquérir des parts de marché régionales. Les entrepreneurs mauritaniens continuent d’évoluer dans un écosystème contraint, marqué par la faiblesse logistique, l’insécurité juridique et le poids des monopoles.
Le syndrome de la vitrine
Cette séquence confirme un travers bien ancré : la Mauritanie préfère montrer qu’elle participe plutôt que de démontrer des résultats. Or, un stand décoré dans un salon international ne suffit pas à résoudre les problèmes d’accès aux financements, de compétitivité logistique ou de certification des produits mauritaniens. À force de privilégier les apparences, le pays risque de s’enfermer dans un rôle d’acteur périphérique, observateur plus que moteur du commerce africain.
Ce qu’il aurait fallu faire
Une véritable stratégie aurait consisté à :
- présenter des accords commerciaux bilatéraux précis avec des pays ciblés ;
- annoncer la mise en place de corridors logistiques fiables pour les exportations ;
- engager des discussions sur la réduction des barrières douanières intra-africaines ;
- accompagner les PME mauritaniennes avec un plan de financement export.
En l’absence de ces mesures, la participation de Nouakchott à Alger apparaît pour ce qu’elle est : un exercice de communication politique, sans impact réel sur l’économie nationale ni sur la place de la Mauritanie dans le marché continental.