%20(1).png)
Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Mauritaniens à l'étranger, M. Mohamed Salem Merzoug, a lancé un cri d'alarme samedi lors de la 51e session du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) à Istanbul. Il a décrit une région du Moyen-Orient en proie à une "escalade sans précédent" et un "climat régional et international qui devient plus turbulent de jour en jour".
Une érosion de l'Ordre International
Face à ses homologues, M. Merzoug a pointé du doigt les causes profondes de cette tension extrême :
-Les attaques israéliennes contre l'Iran : Qualifiées de "violation flagrante de la souveraineté" iranienne et de la Charte de l'ONU ;
-La guerre à Gaza : Dénoncée comme une "guerre génocidaire" contre la population de la bande de Gaza assiégée ;
-Les violations en Cisjordanie : Condamnées comme des "violations israéliennes systématiques" dans le territoire occupé.
Pour le ministre, ces événements ne sont pas isolés. Ils constituent "un jalon du niveau de tension et d'ébullition sans précédent" et sont la "preuve évidente de l’érosion des règles de l’ordre international". Il a mis en garde contre la "menace d’un effondrement imminent du système mondial de paix et de sécurité".
Face à cette crise multidimensionnelle, M. Merzoug a souligné "le besoin urgent de cristalliser une position islamique unifiée". Cette unité, basée sur "la coordination des visions et l’unification de la parole", est jugée essentielle pour assurer la voix des peuples musulmans dans les forums internationaux ; et sauvegarder leurs intérêts vitaux à ce "moment critique de l’histoire".
Condamnations et solutions
La délégation mauritanienne a réitéré des positions clés :
-Condamnation ferme des attaques contre l'Iran : Appel à la reprise immédiate des négociations et du dialogue, soulignant que "les solutions durables ne sont pas construites sur la logique de la force" ;
-Soutien à la solution à deux États : Accueil favorable du document préparatoire pour une conférence dédiée. La Mauritanie espère une tenue rapide de cette conférence, vue comme une étape cruciale vers un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est (El Qods-Est) pour capitale ;
-Préoccupation pour le Cachemire : Expression d'un "profond regret" face aux récents développements au Jammu-et-Cachemire ;
-Condamnation des agressions en Syrie : Dénonciation des "violations israéliennes" contre la souveraineté syrienne, jugées "menaces pour la sécurité et la stabilité".
L'Initiative sahélienne
Abordant une autre zone de tension, le Sahel, M. Merzoug a présenté l'initiative mauritanienne : la création du « Fonds d’appui à la jeunesse de l’OCI dans le Sahel et le bassin du lac Tchad ». Il a annoncé que les statuts du Fonds, officiellement adoptés lors de la 50e session au Cameroun, et exprimé l'espoir de son activation prochaine comme "mécanisme intégré" aux travaux de l'OCI pour lutter contre la menace terroriste.
Le ministre a conclu en adressant ses "sincères remerciements" à la Turquie pour son accueil chaleureux et l'organisation de la session, ainsi qu'au Cameroun pour ses efforts durant son mandat précédent à la tête du Conseil.
La délégation mauritanienne présente à l'ouverture de la session comprenait notamment l'ambassadeur en Turquie, M. Cheikh Sid Ahmed Elbakay Hamadi, et plusieurs hauts responsables des Affaires étrangères.
La déclaration de M. Merzoug reflète l'inquiétude profonde de Nouakchott face à la dégradation rapide de la sécurité régionale et mondiale, et son plaidoyer résolu pour une réponse unie et diplomatique de la part du monde musulman.