La problématique de la sécurité du territoire national prend aujourd’hui toute son importance avec le casse-tête de la drogue, en passe de devenir un phénomène récurrent de notre vécu quotidien et donc un sujet majeur de préoccupation des citoyens lambda à défaut de l’être pour ceux qui sont investis en tout ou partie de la sécurité et de la responsabilité de tous.
Quoi en effet de plus surprenant et de plus inattendu que le revirement spectaculaire et ridiculement maladroit que le gouvernement semble vouloir imprimer à cette nouvelle affaire !?
Jugée au départ suffisamment préoccupante et importante par le Président de la république lui-même, il lui sacrifia, par son retour précipité au pays, sa participation jusqu’au bout à un sommet africain à peine entamé et une visite d’Etat en Egypte.
Cette prompte réactivité a d’ailleurs été amplement justifiée, deux jours plus tard, par l’accrochage avec des narcotrafiquants, …un de plus, ayant malheureusement occasionné deux nouvelles victimes (un mort et un blessé) à encore ajouter au lourd tribut déjà consenti par nos valeureux soldats.
Comment dès lors ne pas nous indigner et nous sentir agressés dans nos aptitudes mentales et spirituelles de discernement quand, contrairement à toute attente et à toute logique, le Gouvernement délègue, pas un…mais quatre de ses ministres … pour constater devant les citoyens de la République et ceux du Monde … qu’en fait, trop de bruit avait été déclenché … pour rien.
Le problème nous fut présenté comme tout à fait banal, terre à terre… puisqu’il se ramène à quelques véhicules saisis qui seront d’ailleurs bientôt vendus aux enchères publiques « privées » et le produit redistribué « aux ayants droit ; »l’objet du délit quant à lui, la drogue, on nous apprendra que sa quantité est insignifiante et qu’elle est de qualité inférieure et donc, seulement bonne à être incinérée immédiatement et en dehors de toute règle procédurale crédible.
Ce que semblent oublier les auteurs de cette grossière et rocambolesque mise en scène, c’est que l’opinion a déjà été gavée de rumeurs, pas nécessairement infondées, d’abord à propos des trafiquants dont on s’est abstenu de souffler le moindre mot et ensuite des tonnages saisis et tus de cocaïne pure et qu’enfin, il est très peu réconfortant pour les citoyens que la transformation de leur pays en plaque tournante du trafic de la drogue et donc du crime organisé ne suscite chez leurs dirigeants aucun commentaire, aucune inquiétude, aucune mise en garde et pas même la moindre stigmatisation.
S’il est des lignes dont le dépassement n’est permis à quiconque, gouvernant soit-il ou gouverné, celui-ci en fait bien partie parce qu’il gangrène le présent, hypothèque l’avenir.
C’est pour cette raison que A.P.P. met garde contre l’escamotage, une fois de plus, d’un phénomène dont l’éradication s’impose pour garantir à notre pays et à ses habitants un minimum de semblant de survie.
Nouakchott, le 25 février 2016
LE BUREAU EXECUTIF