Aujourd'hui, plus de 1,9 million de Mauritaniens ont été appelés aux urnes pour élire leur président parmi sept candidats en lice. Le président sortant, Mohamed Cheikh El Ghazouani, cherche à obtenir un second mandat en mettant en avant la continuité et la stabilité qu'il a maintenues dans le pays, en contrôlant la menace jihadiste contrairement à ses voisins sahéliens. La Mauritanie n'ayant plus connu d'attaque sur son sol depuis 2011.
En opposition à Ghazouani, les six autres candidats, proposent une alternative démocratique. Les deux principaux challengers du candidat sortant sont, d'une part Biram Dah Abeid, député, fondateur de l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA-Mauritanie), militant des droits de l'homme et ancien candidat présidentiel, promet un changement significatif. Il est soutenu par le parti Assawaba et a obtenu 18 % des voix lors de la précédente élection en 2019, se classant deuxième. Et d'autre part, Hamadi Sid’ El Moctar du parti islamiste Tawassoul, dont le parti s’est classé troisième lors des dernières élections présidentielles avec 17 %.
Les quatre autres prétendants sont : le candidat Mohamed Lemine Elwavi, un haut fonctionnaire du Trésor mauritanien, ancien inspecteur des impôts, qui avait obtenu un modeste 1% lors de cette dernière présidentielle ; l’enseignant de mathématiques à la retraite Mamadou Bocar Ba, et ancien inspecteur de l’enseignement secondaire du parti Alliance pour la justice et la démocratie (AJD/MR) ; l’avocat et député El id Mohameden M'bareck candidat de l’Union des Forces du Salut (UFS) et le professeur en neurochirurgie Outouma Soumare.
La campagne électorale s'est globalement déroulée dans le calme, bien que des incidents aient été signalés à Nouadhibou. La sécurité est une préoccupation majeure, avec des assurances données par le président Ghazouani lui-même concernant la préparation des forces de l'ordre pour maintenir l'ordre.
Les enjeux de cette élection incluent non seulement la continuité politique ou le changement mais aussi des questions économiques, notamment l'exploitation prochaine des réserves de gaz, prévue pour le second semestre de l'année. La jeunesse constitue également un enjeu crucial, les moins de 35 ans représentant plus de 70 % de la population mauritanienne, avec des promesses électorales axées sur l'emploi et la promotion de la jeunesse.
Le taux de participation semble être un sujet de préoccupation, étant en baisse par rapport aux dernières élections, selon les premières estimations de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI).
Peu d'observateurs internationaux ont fait le déplacement en Mauritanie. L'Union africaine a envoyé 27 observateurs de court terme. L'Union européenne n'a pas déployé de mission, mais trois experts électoraux. Cependant, à côté de l’Observatoire national mis en place par le gouvernement pour surveiller l’élection présidentielle, on note la présence d’une kyrielle d’observateurs locaux (750), notamment une cinquantaine, mobilisés par le Rassemblement Professionnel des Experts Judiciaires Mauritaniens, en partenariat avec la CENI.
Cette élection présidentielle en Mauritanie représente donc un moment crucial pour l'avenir du pays. Entre continuité et changement, les électeurs font face à un choix complexe qui déterminera la direction politique et économique des années à venir. Malgré les défis et les incertitudes, la démocratie mauritanienne s'affirme à travers ce processus électoral, marqué par un intérêt national et international croissant.