Bradage de l’Ecole de police : L’ex Général Ould Békrine témoigne … | Mauriweb

Bradage de l’Ecole de police : L’ex Général Ould Békrine témoigne …

lun, 10/04/2023 - 22:14

Le tribunal pénal spécialisé dans les crimes de corruption a entendu lors de sa séance de ce lundi matin 10 avril courant, le témoignage de l'ancien directeur général de la sureté nationale (DGSN), le général à la retraite Ahmed Ould Békrine, concernant le bradage des terrains découpées de l’Ecole de police de Nouakchott.

J’ai transmis les ordres de l'ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz au directeur de l'école, considérant que la responsabilité de la légalité de ces instructions relève du premier ordre.

Le témoignage de Ould Békrine a commencé, comme c’est de règle, par la cérémonie de prêter serment, à se présenter à la Cour. Né en 1954 dans la Moughataa de Boutlimit relevant de la wilaya du Trarza, Ould Békrine a affirmé n’avoir aucune relation particulière avec Ould Abdel Aziz et qu'il n'a pas servi avec lui malgré sa camaraderie dans la profession en tant qu’officiers militaires.

Questions du président du tribunal :

Question : Nous vous demandons de témoigner sur la vente d'une partie de l'école de police, au moment où vous étiez à cette époque le directeur de la sûreté ?

Réponse : L'ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz m'a appelé et m'a dit qu'un fonctionnaire du ministère de l’habitat allait nous rendre visite et qu’il nous demande de faciliter l'accès à l'Ecole de police à des fins de découpage de sa partie sud.

Le fonctionnaire est arrivé avec des particuliers. J'ai contacté le directeur de l'école et je l'ai informé qu'ils se rendraient à l’Ecole de police et qu'il devait gérer le sujet, lui posant comme condition, la construction d’un mur entre la partie découpée et l’Ecole de police. Ce qu’il a fait de la part du Département, lequel s’est engagé de cet aspect. Ils m’ont appelé de nouveau pour me signifier qu’ils ont exécuté à la lettre ledit engagement. Ce qui s’est passé par la suite ne me concerne pas.

Question : Pensez-vous que la partie découpée a été retirée du domaine public avant cela ?

Réponse : Non, cela ne l’a pas été fait.

Question : Pensez-vous que cette affaire est normale, selon votre point de vue ?

Objection du membre du collectif de la défense de Ould Abdel Aziz Taleb Khyar, qualifiant : cette question est adressée au au témoin.

Président de la Cour : La cour pose des questions à qui elle veut.

Ould Békrine : (rires), nous avons appris l’affaire comme vous l’avez même apprise.

Parquet général/Procureur de la République : la DGSN a-t-elle reçu une lettre lui demandant de se dessaisir d'une partie de l'Ecole de Police ?

Me Taleb Khyar : Ce n'est pas une question !

L'accusation proteste :

Agitation dans la salle

Le président du tribunal demande à Me Taleb Khyar de retirer sa question ; ce à quoi il se plie.

Parquet général/Procureur de la République : Je comprends votre situation psychologique aujourd'hui ! D'un point de vue légal, on a le droit de demander directement sans passer par le tribunal, et c'est l'interrogateur qui détermine la formulation de ses questions.

Parquet général/Procureur Général répète la question : La DGSN a-t-elle reçu une lettre lui demandant de se dessaisir d'une partie de l'Ecole de Police ?

Ould Békrine : Non, nous n'avons reçu aucun message écrit.

Question : Quelle est l’écart entre l'heure d’appel et celle d'arrivée des personnes susmentionnées ?

Ould Békrine : très court. Je ne sais pas exactement.

Question : Cela a-t-il eu lieu le même jour ?

Réponse : Oui, ils sont arrivés après le contact.

Question : Aziz vous a-t-il appelé plus tard pour vérifier les ordres qu'il vous a donnés ?

Réponse : Non, il ne nous a pas appelé après.

Questions de la défense d’Aziz:

Jaavar Ebiye : Vous avez dit qu'Aziz vous a appelé par téléphone, avez-vous la preuve de ce contact ou un document écrit ?

Ould Békrine : Je n'ai pas de document, mais l'appel a eu lieu en présence de deux directeurs centraux du Département de la sûreté.

Une voix de la partie civile s’élève : l'ancien directeur adjoint de la sureté le commissaire régional, Mohamed Abdallahi Ould Adde était présent et avait publié un posting sur le sujet sur sur Facebook.

Jaafar : Il a dit dans le procès-verbal que c'est le commissaire régional, Mohamed Lemine Ould Ahmed et non Ould Adde. vous n'avez pas lu le dossier. Votre ordre donné au directeur de l’Ecole de recevoir la délégation de l’habitat et d’exécuter ses ordres était-il légal ou un délit ?

Ould Békrine : C'est normal. J’ai donné des ordres pour exécuter ceux du Président, qu'ils soient légaux ou non, les instructions concernent le premier qui a donné l’ordre, qui est le Président.

Taleb Khyar : cette mesure est-elle courante au sein de la sureté ?

La partie civile proteste contre la question.

Agitation dans la salle.

Le Président de la Cour : Vous me fatiguez, disputez à votre guise, l'affaire ne me concerne plus...

Une fois le calme revenu dans la salle, Ould Békrine répond : C'est normal, ce n'est pas la première fois que des terrains sont vendus.

Taleb Khyar: Le témoignage que vous avez présenté lors de l'enquête, qui vous l’a demandé? Ou bien vous l’avez présenté de votre plein gré?

Ould Békrine : j’ai été convoqué par le Parquet.

Le parquet précise : Nous l'avons amené à convoquer le tribunal...

Le Parquet précise :nous lui avons fait parvenir le communiqué du tribunal.

Me Bah Ould M’bareck : Le parquet est venu prêt à poser des questions au témoin, alors que nous ne savions pas qui était le témoin aujourd'hui, ce qui contredit l'égalité entre les parties.

Président de la Cour : Sur le plan de la procédure, rien n'oblige la cour à informer les parties de l'heure de l'intervention des témoins, nous convoquons les témoins par l'intermédiaire du ministère public, ce qui peut lui permettre de les connaître. Et s'il y a un texte qui permet de convoquer à travers la défense, alors présentez-le nous !

Me Cheikh Hamdi : L'appel que vous avez reçu de l'ancien président était-il une menace ou une tentation ?

Ould Békrine : Non, il n’est assorti de rien.

Question : Le découpage a-t-il affecté les performances de l’Ecole ?

Réponse : A mon avis, cela a eu un impact.

Question : Avez-vous envoyé un message sur cet impact négatif à des parties ?

Réponse : cela ne m'a pas été demandé comme on ne pas requis mon avis et le premier a m’interroger sur cet impact, c’est toi maintenant.

Question : L'école de police a-t-elle obtenu des terrains sur la route de la Résistance ?

Réponse : Non, elle n'a pas obtenu de terrains, et si on comptait lui en donné, elle n’a pas reçu son terrain. L'école de police n'a pas demandé de terrain en échange du sien.

Question : Quelles activités exercez-vous actuellement ?

Président de la Cour: Nous lui avons déjà posé cette question, et il a répondu qu'il est un général à la retraite.

Mohamed Ould Ichedou : Je n'ai pas de questions car nous sommes devant un homme de loi : un général, un avocat militaire et un ancien procureur militaire, et il sait que ce n'est pas un témoignage !

Me Sandrella Merhej : En tant qu'ancien directeur de la surêté, vous informez-vous sur les communiqués du Conseil des ministres ?

Ould Békrine : je m’informe sur ces communiqués sur sites locaux d'actualité.

Question : Les communiqués du Conseil des ministres parvenaient-ils à la DGSN sous une forme écrite officielle ?

Réponse : Non, mais notre travail nous oblige de les consulter.

Question : relevez-vous du Ministère de l'Intérieur ?

Réponse : Oui.

Question : Savez-vous que le cabinet du ministère dispose de documents concernant la vente de l'école de police ?

Réponse : Je n'ai aucune information et je n'ai pas demandé à ce sujet.

Question : Quelles étaient les personnes privées qui, selon vous, accompagnaient le fonctionnaire du Ministère de l’habitat ?

Réponse : Je ne les connais pas et je n'ai pas posé de questions à leur sujet et on m'a dit que ce sont des personnes qui prendront la terre.

Question : Qui vous a dit ça?

Réponse : j'ai déjà répondu à cette question.

Question : Y a-t-il eu des contacts périodiques entre vous et l'ancien président de la République ?

Réponse : Il était président et j'étais directeur de la sureté, et bien sûr nous avions des contacts.

Question : Avez-vous été menacé par Aziz ?

Réponse : J'ai répondu à cette question. Tu étais peut être absente d’ici.

Me Bechir : puisque vous avez occupé plusieurs poste, y-a-t-il eu des ventes similaires?

Ould Békrine : j'ai déjà répondu à cette question.

Question : Êtes-vous au courant des terres qui ont été données à la police sur la route de la Résistance?

Réponse : Non, cela la peut-être été après moi.

Questions de la partie civile :

Me Diabira Maroufa : Vous avez dit que l'ancien président vous a appelé et vous a envoyé un groupe pour lui faciliter la tâche relative à la vente d’un terrain de l'école de police. Les avez-vous convoqués ou sont-ils venus d'eux-mêmes ? Et qui les a reçus, vous ou certains de vos collaborateurs ?

Réponse : J'ai déjà répondu à la première partie de cette question, et quant à l'accueil, je les ai reçus dans mon bureau.

Question : Le directeur de l'école vous a-t-il informé de ce qui s'est passé entre lui et la délégation de l’habitat ?

Réponse : En effet, m’assurant du respect du ministère de la condition que j'ai demandée.

Question : A qui profite la vente ?

Réponse : Je ne le connais pas, je n'ai pas demandé qui c’est. Cela ne signifie rien pour moi.

Me Lo Gourmo Abdoul : Vous relevez du Ministre de l'Intérieur dont vous êtes sous sa tutelle ?

Réponse : Oui, c’est évident.

Question : pourquoi l'ancien président vous a-t-il contacté et non le ministre ?

Réponse : Je suis membre des Forces Armées dirigées par le Président de la République.

Question : L'une des parties dont vous relevez, a-t-elle joué un rôle dans la vente ?

Réponse : Non, je ne suis pas au courant de ça.

Question : Des justifications sécuritaires ont-elles été élaborées pour la vente d'une partie du terrain de l'école de police ?

Réponse : nous avons appris cette affaire seulement par téléphone comme je vous l’ai dit.

Question : Je m'adresse maintenant à un directeur de la sûreté qui dirigeait une édifice fondamental de l'État. Le voisinage des magasins commerciaux constitue-t-il une source de nuisance à la sécurité de l'école de police ?

Réponse : En effet, la sécurité de l'école a été mise à mal, car elle n'a plus accès à la rue du côté sud, lui permettant d'intervenir et de se déplacer. Les immeubles qui la surplombent pourraient aussi avoir de la nuisance sur la sécurité.

Me Abdallahi Ould Gah : Avez-vous des informations sur les financements allemands pour transformer l'école de police en académie ?

Ould Békrine : Il n'y a rien d'officiel à ce sujet. Il y a des fonctionnaires de police qui ont parlé aux Allemands à ce sujet, mais rien n'a été décidé à ce sujet.

Question : Le découpage nuit-il à ce projet ?

Réponse : aucune mesure formelle n’a été engagée dans ce projet.

Question : Avez-vous visité l'école après la découpage ?

Réponse :Oui, je l'ai visitée.

Question : Vous êtes-vous assuré des nuisances consécutives au découpage et à la vente ?

Réponse : Oui, et j'ai déjà répondu à cette question. Le site permettait autrefois à l'école d'avoir plusieurs points d’accès sur la rue principale, ce qui n’était plus possible. A cela s’ajoute le fait que les bâtiments commerciaux élevés à sa proximité étaient inappropriés.

Me Nema Ould Ahmed Zeidane : Aurait-il été préférable de déplacer l'école et de laisser sa place aux commerces ?

Ould Békrine : A mon avis c'était mieux.

Question : Êtes-vous d'accord avec moi sur les propos d'Ibn Khaldoun sur la nécessité de séparer le commerce et l’Émirat ?

Réponse : Je n'ai pas de réponse à cette question.

Me Ould Abdi : la DGSN est-elle sous la tutelle du ministère de l'Intérieur ?

Ould Békrine : naturellement.

Question : Pourquoi l'affaire n'est-elle pas passée par le ministère de l'Intérieur ?

Réponse : Il s'agit d'une procédure normale, et le ministère de l'Intérieur m'a contacté à cet égard.

Question : les bâtiments surplombant l'école constituent-ils, à la lumière de la vague terroriste, une menace pour celle-ci?

Réponse : J'en ai parlé. La présence de bâtiments élevés autour de l'école de police peut être dangereuse, car elle sert tout ennemi qui veut recueillir des informations ou utiliser des armes contre l'école.

Me Ould Kharchi : Existe-t-il une étude de sécurité de la situation de l'école de police avant la vente ?

Réponse : Je suppose que oui, mais je ne l'ai pas vu et j'étais au courant de la vente par téléphone.

Me Abdallahi Hbib : quel est le meilleur de mieux maintenant : reprendre le terrain de l'école ou le délocaliser ?

Réponse : Il vaut mieux le déplacer car les terrains ont été vendus à d'autres qui y ont érigé des constructions.

Me Brahim Ebetty : Que s'est-il passé entre vous et le Monsieur de l’habitat et les particuliers ?

Ould Békrine : J'ai parlé avec l’émissaire de l’habitat que j’ai recommandé au directeur au directeur de l'école voir les choses directement.

Question : Vous ont-ils dit que l'ancien président qui les avaient envoyés ?

Réponse : Ils sont venus à mon bureau après l’appel et je suis au courant d’eux. Confirmer leur arrivée ne requiert pas d’appel de sa part.

Question :: En votre qualité d'ancien directeur de la sureté, avez-vous vu dans le monde des boutiques dans une école de police ?

Réponse : non, je n’ai pas connaissance de cela.

Question : Le projet Palm Hotel (Hôtel Kadhafi) a été rejeté car il était proche de l’Etat-major. Il devait être plus élevé que les bâtiments surplombant l’école de police. Pourquoi le découpage de l'Ecole de police pour la construction de bâtiments a-t-il été accepté ?

Réponse : Nous n'avons pas décidé sa vente pour connaitre cela.

Le président du tribunal lève la séance pour la prière, avant l’audition d’un deuxième témoin après la reprise sa reprise.

Traduit par Mohamed Ould Mohamed Lemine

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