La Dépêche - Presqu’occultée dans les médias par les événements liés à la primeur de la poursuite des terroristes évadés, la visite du chef d’état-major français, le général Thierry Borkhard, n’en constitue pas moins un événement de taille. Elle intervient aussi après le choix porté sur le président Ghazouani pour présider le G5S.
L’entente mauritano-française n’est pas prête de s’estomper malgré les cris de guerre dans certaines capitales ouest-africaines contre la présence française en Afrique. Et comme, l’a confirmé dans un récent entretien avec la BBC, le président Ghazaouani, la Mauritanie assume la coopération exemplaire et agissante avec la France.
Le président mauritanien, homme de consensus et à qui chacun accorde une oreille attentive, a des coudées plus franches pour tenter de lever les équivoques, assainir l’atmosphère et ramener à la raison. Il pourrait, en tout cas, se mouvoir plus aisément entre les différents protagonistes pour prôner l’entente.
La visite du chef d’état-major français, le général Thierry Borkhard, même si elle peut s’inscrire dans le cadre des échanges avec le Sahel, n’en confirme pas moins le niveau de coopération bilatérale entre Nouakchott et Paris.
La relation avec la France, loin du paternalisme ambiant, a toujours eu une saveur particulière et la Mauritanie a toujours su préserver l’essentiel de cette relation, sans se compromettre, ni insulter l’avenir. La visite du général Thierry Borkhard est d’autant plus importante qu’elle intervient à un moment crucial de l’histoire politique au Sahel.
Il a été reçu dès son arrivée vendredi par le président de la République, président en exercice du G5S, en présence du chef d’état-major général des armées, général de division Mokhtar Bolla Chaabane, du chef d’état-major particulier du Président de la République, Vice-Amiral Isselkou Cheikh El Wely et de l’ambassadeur de France en Mauritanie, SEM. Alexandre Garcia.
Il aura également pu discuter de coopération avec le ministre de la défense nationale, Hanena Ould Hanena. Il a, apr ailleurs, visité le Collège de défense du groupe des cinq au Sahel à Nouakchott.
Endroit symbolique pour rappeler « la nécessité de développer un partenariat stratégique et une coopération militaire entre la France et les États membres du Groupe des cinq au Sahel et d’autres pays africains » souligne le général Thierry Borkhard précisant que «cette stratégie doit être équilibrée et basée sur les échanges entre la France et les pays concernés ».
Le général Thierry Borkhard a, en outre, formulé la disponibilité de son pays « à renforcer sa coopération aux niveaux bilatéral et régional avec les pays africains dans tous les domaines, notamment dans le domaine militaire». Naguère encore pays mis à la touche des événements continentaux, la Mauritanie s’est frayée elle-même, dans l’humilité, son chemin pour mériter la confiance de la communauté internationale.
Prudence et clairvoyance du leadership politique ont contribué à cette émergence devenue une énorme responsabilité sur les épaules de ceux qui nous gouvernent. Une mission souvent délicate si l’on mesure la nature et la distance séparant les protagonistes aux crises politiques internationales et sous-régionales.
Les autorités politiques et à leur tête le président de la République savent pourtant que malgré le crédit alloué par les uns et les autres, un certain irrédentisme diplomatique marque aujourd’hui et les esprits et les relations interétatiques.
En raison de cette posture parfois à la limite de l’équilibrisme, la Mauritanie tente de jouer un rôle pour colmater les brèches. Elle est, malgré tout, de plus en plus courtisée pour suggérer, aplanir et jeter des ponts pour des retrouvailles, des positions salvatrices.
Ce n’est certainement pas parce qu’il lui chante de jouer « dans la cour des grands » que la Mauritanie s’y investit ou par orgueil. L’unique raison est que tous semblent converger vers elle. A cheval sur ses principes comme c’est le cas pour l’Ukraine, cela ne l’empêche pas de recevoir S.Lavrov à Nouakchott et de lui faire enfiler le boubou.
Jalouse de son engagement au sein du G5Sahel, elle n’en brime pas pour autant le Mali ou le Burkina, partenaires au sein de l’organisation, où des juntes militaires ont accaparé le pouvoir et dont la Cédéao conditionne le retour à cette organisation.
Dans le même sillage, elle préserve ses relations historiques et stratégiques avec les pays de l’Alliance Sahel, avec l’Otan et les Etats-Unis d’Amérique…
Jusqu’à quand serait-on tenté de dire ? En maintenant dans le tact et la diplomatie le cap jusqu’ici suivi !