C’est en présence de plusieurs personnalités, de disciples et quelques membres de la famille du grand savant et érudit du Fouta Toro, que l’Association Main dans la Main a rendu un grand hommage à feu El Hadj Mahmoud Bâ. La conférence-débat organisée à l’ancienne maison des jeunes le mardi 2 février a été rythmée par de riches interventions par les proches et fins connaisseurs du fondateur des Ecoles El-Falah.
Le Secrétaire Général de l’association Main Dans Main, Mr Abdoulaye Sarr a souligné que l’objectif visé à travers cette conférence : « est de faire connaitre l’œuvre et la réalisation de l’Homme, qui a diffusé le savoir partout en Afrique et particulièrement en Mauritanie ». Il a également ajouté que son association envisage dans le cadre culturel de : « faire connaitre d’autres personnalités, qui ont marqué l’histoire de la Mauritanie par leurs empruntes indélébiles ». Il a également remercié la famille du feu El Hadj Mahmoud BA ainsi que ses disciples qui ont soutenu cette initiative en répondant à l’appel par leur présence.
Porteur du mot de la famille, l’ingénieur Oumar El Hadj Mahmoud Ba et Directeur des écoles El-Falah, a exprimé sa satisfaction de cette « initiative si noble qui œuvre pour la réhabilitation de la mémoire de son père ». Dans son intervention, Oumar El Hadj Mahmoud a retracé le parcours historique de son défunt père en mettant surtout l’accent sur la prédication et la diffusion du savoir. Il a particulièrement insisté sur l’attention qu’il avait des membres de sa famille en tant que père et éducateur. Il a rappelé qu’en 1941 : « Dés son retour de l’Arabie Saoudite, El Hadj Mahmoud Bâ a réuni tous les savants du Fuuta de son époque à Djéol pour leur exposer son projet de lutter contre l’ignorance en milieu peul. » Ponctué de riches anecdotes, l’hommage du fils au père était à la fois émotif et instructif. A travers son propos, chaque membre de sa famille ou de ses disciples se souvenait des gestes, de la piété et du savoir vivre de feu El Hadj Mahmoud Bâ.
Auteur d’un doctorat sur la vie de El Hadj Mahmoud Bâ, l’anthropologue et sociologue politique, Sy Mamadou Samba a centré son propos sur: «Le rôle de El Hadj Mahmoud Ba dans la diffusion du savoir ». Il est longuement revenu sur le travail immense mené par le défunt autour de l’émancipation des mentalités dans la société Haalpulaar notamment sa lutte contre la hiérarchie sociale. Selon Sy Mamadou Samba, le fondateur des écoles El Falah est un acteur incontournable dans la réforme et la modernisation de l’enseignement traditionnel dans l’Afrique de l’Ouest et Centrale.
Témoignages et interventions
Le premier témoignage est celui de l’homme de culture Abou Mborom Gellajo, un disciple et fils de la famille affirmant que : "La première école en milieu peul ouverte par El Hadj Mahmoud Bâ a été faite au moyen de 60 vaches pour assurer l'autonomie des élèves et leur épargner la mendicité".
Dans sa prise de parole, le doyen Yahya BA a attesté qu’ : «on peut dire que feu El Hadj Mahmoud Ba est le seul à avoir mené le jihad sans verser du sang puisque toute sa vie durant il a combattu l’ignorance».
"Nous devons œuvrer pour la reconnaissance des œuvres de feu El Hadj Mahmoud Ba à l’UNESCO et auprès l'Union Arabe" a ajouté Diallo Moussa, président de DEKALEM et Afrik Ummital.
Par ailleurs, Abdallahi Diakité, membre du Conseil d’administration de l’AMDM a exprimé sa désolation du manque de considération que les mauritaniens ont de cet homme de Dieu. "J'ai vu plus de reconnaissance de feu El Hadj Mahmoud Ba à Dakar qu'ici en Mauritanie " a-t-il martelé.
Ndiaye Saydou alias Gelongal Pulaar a lancé un appel pour qu’un tel hommage à El Hadj Mahmoud Ba soit organisé à Djeol, sa ville nationale.
Aichetou Diallo dite Koumba a confié se souvenir encore de son père et d’autres proches peuls étant obligés de se cacher pour voyager à Kankossa dans le but acquérir le savoir de la bouche de feu El hadj Mahmoud Ba. Ancienne élève des écoles El Fallah, Aichetou Diallo affirme que : "Lorsque nous avions quitté les écoles El Felah, nous étudions l'Arabe, et lorsque nous nous sommes retrouvés à l'école publique, on nous enseigna le Hassaniya".
Longuement ovationné par le public, le journaliste Ahmedou Wodia a dénoncé la négligence des autorités en déclarant que : "Les programmes étatiques n'ont nullement œuvré pour la vulgarisation et la reconnaissance publique d'El Hadj Mahmoud Ba". Et au journaliste d’interroger avec désolation "pourquoi l'Etat où les élites intellectuelles ne créent pas des initiatives pour réhabiliter les écoles El Felah qui sont dans en état de décrépitude totale ?"
Pendant toute la soirée le président de la Marmite du partage, Khally Diallo, modérateur de la conférence n’a cessé d’exhorter la jeunesse de s’approcher des disciples de feu El Hadj Mahmoud Bâ pour profiter de son immense héritage.
Commission de Communication de l’AMDM