Le Calame - Il y a quelques jours, le dossier dit de la Décennie, avec Mohamed ould Abdel Aziz en suspect N°1, accompagné de divers membres de sa famille et de quelques anciens collaborateurs, a été transmis au Tribunal de la Corruption, une structure fondée pour lutter contre l’hideuse affection qui gangrène notre administration et suce notre économie.
On s’achemine donc vers l’ouverture d’un procès de l’ex-homme fort de Mauritanie, redouté et craint mais qui a fini par tomber très bas.
Un président de la République autoproclamé président des pauvres et longtemps encensé pour ses « grandes » réalisations, aujourd’hui accusé de corruption, blanchiment d’argent et obstruction à la justice…
La transmission du dossier met fin aux différents recours introduits par les avocats des accusés. Par la même occasion, la justice a blanchi un homme d’affaires et levé la saisie des biens de plusieurs de ceux-ci.
La décision de la Cour Suprême intervient en outre dans un contexte marqué par les sorties de l’ex-Président en France, en Belgique et récemment à Nouadhibou. Sorties au cours desquelles Ould Abel Aziz a non seulement réaffirmé son intention de rester sur l’arène politique mais également asséné des coups acerbes à l’encontre du gouvernement de son ex-ami de quarante ans, traitant le pouvoir actuel de « régime des symboles ».
Le passage à Nouadhibou semble lui avoir tant donné des ailes qu’on pourrait le croire presque seul sur le terrain de l’opposition. En attendant de confirmer l’hypothèse dans les urnes, une partie de la population de Nouadhibou lui a manifesté sa sympathie. Mais de là à le mettre sur orbite pour reconquérir le pouvoir en 2024, il y a tout de même une mer à boire.
Ould Abdel Aziz peut s’agiter et attaquer le pouvoir d’Ould Ghazwani, ses chances de revenir et de s’imposer restent très faibles, pour ne pas dire inexistantes. En politique, le rêve a certes libre cours. Mais celui de l’ex-Président pourrait bien être de courte durée.
Car une épée de Damoclès plane sur sa tête. Il pourrait être sous peu convoqué par ledit tribunal. Sa comparution devant cette instance et sa probable condamnation pourraient anéantir ses ambitions politiques, stoppant net les intentions qu’on lui prête de nuire à son successeur.
Redoutable arme pour le pouvoir que ce dossier de la Décennie ! Il suit son cours depuis des mois, connaîtra-t-il son épilogue d’ici peu ? C’est du moins ce qu’espèrent les Mauritaniens dont les plus sceptiques commençaient à douter de la sincérité du gouvernement à aller jusqu’au bout des procédures judiciaires.
Aujourd’hui que le dossier est déféré devant un tribunal, beaucoup d’entre eux reprennent un peu confiance…
Pourvu que la menace ne soit pas un simple chiffon rouge agité devant Ould Abdel Aziz mais une réelle volonté politique et judiciaire de faire du procès un véritable exemple pour ceux n’hésitent pas à piller les ressources du pays ! Que les coupables de tels errements en répondent devant la justice et soient punis avec toutes les rigueurs de la loi ! Principal suspect et simple citoyen depuis 2019, Ould Abdel Aziz a promis de faire toute la lumière sur son patrimoine.
Expliquera-t-il, ainsi qu’il s’y est engagé, comment il s’est bâti une fortune sans avoir jamais puisé dans la caisse de l’État ni bénéficié d’aucune commission ? Le tribunal appréciera… et les Mauritaniens se feront leur opinion.
Dalay Lam