Quatre sites de la place devaient répondre aujourd’hui d’une plainte déposée contre eux par la Snim à Nouadhibou. Première du genre dans le pays, cette escalade dans les relations Pouvoir- presse édifie sur un fait : les pouvoirs actuels sont en campagne accrue pour étouffer la presse et détruire les acquis de démocratie et d’expression libre. Cridem, Atlasinfo, Le Quotidien de Nouachott et Mauriweb sont convoqués ce lundi 25 janvier, par le Procureur de la République de la capitale économique Nouadhibou. C’est ce qui est noté dans une convocation que leur a remise la police de Nouakchott la semaine dernière. Saisie pour savoir la raison d’une telle convocation, cette même police a dit ne pas en savoir plus que les personnes convoquées. Contacté à son tour, le Procureur de Nouadhibou ne semblait pas en savoir davantage sur le fond du dossier. Il se permettra au final d’affirmer que la plainte dont il est question, proviendrait de la Snim, el géant national du fer. Ils seront donc quatre journalistes qui devront effecteur le déplacement de Nouadhibou : Moussa Samba Sy (Quotidien de Nouakchott), Babacar Baye Ndiaye (Cridem), Jidne Deida (Mauriweb) et Eby Ould Mohamed Bouna (Atlasinfo). L’occasion pour les analystes de se demander pourquoi le choix de la Snim s’est porté sur ces quatre journalistes ? En effet, quand on sait que l’information nationale qui plus, portant sur la Snim, quelle qu’elle soit, est toujours systématiquement reprise par l’ensemble des supports médiatiques de la place, quand on sait que les sources sont chaque fois les mêmes et que les commentaires sont toujours les mêmes, on doit bien se demander pourquoi seuls, ces quatre sites ont été ciblés ? Plus grave, sont-ce les supports indépendants qui sont ciblés ou sont-ce les personnes qui animent ces supports ? Et pourquoi Cridem ? Quand on il est évident que ce site est surtout connu pour reprendre les informations diffusées ailleurs. Certes cette disposition ne le couvre point, mais elle doit aussi amener les plaignants à convoquer tous les autres supports qui ont servi de véhiculer l’information cible. Et ceux-ci devraient se compter en centaines ! Cherche-t-on alors des têtes de turc en évitant de drainer la quasi-totalité des journalistes devant la justice ? Dans tous les cas, la première audience des journalistes avec la Justice de Nouadhibou devrait édifier l’opinion, sur les visées réelles de la Snim, si ce ne sont celles du pouvoir en place. Ce que tout le monde sait pour l’heure est qu’il s’agit de la convocation de trois journalistes francophones et d’un journaliste arabisant. Un de la presse écrite et trois de la presse individuelle, mais surtout trois connus pour leur objectivité et leur professionnalisme. Face à ce nouvel épisode judiciaire de la presse privée mauritanienne, des voix s’élèvent a partout pour dénoncer la volonté de plus en plus avouée du Régime d’asservir les médias privés. Il y a quelques semaines, d’autres journalistes avaient été convoqués devant la justice, pour des affaires relavant de l’information et de la liberté d’expression. Manifestement, le pouvoir en place ne veut pas de la presse Gageons que de la première place acquise ces dernières années dans le classement des pays arabes respectueux de la liberté d’expression, la Mauritanie se retrouvera aux dernières loges ! Ce serait alors le pire qui puisse nous arriver, mais en fait que valait même une première place dans le classement de pays arabes portant sur la liberté d’expression tels l’Égypte, la Libye… ? MOMS (L'Authentique)
Communiqué du RPM
Le Regroupement de la Presse Mauritanienne (RPM) constate ces dernières semaines, une forte multiplication de procédures judiciaires à l’encontre des journalistes de la presse indépendante du pays. Les plus récentes portent sur Moussa Samba Sy (le Quotidien de Nouakchott), Jedna Deida (Mauriweb), Eby Ould Mohamed Bouna (Atlas Info) et Babacar Baye N’Diaye (Cridem), tous quatre convoqués le lundi 25 janvier par le Procureur de la ville de Nouadhibou après une plainte de la SNIM. Prenant acte de cette situation de ciblage et de harcèlement, le RPM rappelle aux pouvoirs publics que : - la liberté d’expression et la liberté d’information sont des droits inaliénables qui ne peuvent souffrir d’aucune restriction ; - rien ne justifie l’interpellation par la justice, de journalistes dans l’exercice de leurs fonctions - un État qui se veut démocratique et respectueux du droit, doit mettre fin aux pratiques de d’intimidation et de menaces des journalistes. Les journalistes cibles, déjà sanctionnés pour le seul fait d’avoir été sommés de se déplacer jusqu’à Nouadhibou (situé à 500 km de leur lieu de résidence), le RPM exprime sa solidarité agissante à leur endroit et lance un appel aux pouvoirs publics, au gouvernement et à l’État mauritanien - qui se targue de défendre les libertés- pour mettre fin à l’ensemble des procédures judiciaires engagées contre la presse, à favoriser l’expression libre et à œuvrer pour que les citoyens jouissent pleinement des libertés que leur accorde la constitution mauritanienne. Le RPM prend à témoin les hommes politiques mauritaniens, la société civile mauritanienne et les chancelleries étrangères accréditées à Nouakchott sur cet état de fait présent, préjudiciable à la morale et à la pratique pleine et entière de la démocratie.
Le Bureau Nouakchott, le 25 janvier 2016