Le Calame - Où en est-on, en Mauritanie, pour que le ministère de l’Intérieur se sente obligé de mettre en garde les citoyens par la publication du document suivant ?
« Ces derniers jours, des enregistrements et des tweets se sont répandus sur les réseaux sociaux, dans lesquels prévalent le langage de la haine et des expressions frisant l’obscénité et incitant à la violence, qui vont au-delà des insultes contre des symboles de l’État, portent atteinte à leur dignité et menacent de recourir aux armes, d’attiser la discorde de corrompre la paix civile.
Ces appels contredisent les principes sur lesquels l’État mauritanien est fondé, à savoir la consolidation de l’unité nationale, le renforcement de la paix civile, l’appel à la fraternité et à la tolérance, et le rejet d’un fanatisme et d’un sectarisme odieux. Les lois en vigueur interdisent tous les appels à caractère tribal, racial ou visant l’agitation et le désordre. Aussi le contrevenant en la matière doit-il assumer entièrement les conséquences de ses agissements.
Dans ce contexte, il convient de rappeler que l’État de Droit impose à tous – institutions et individus, sans exception – le respect des dispositions de la loi, (loin toutefois de tout arbitraire ou discrimination).C’est ainsi et ainsi seulement que l’on peut susciter et préserver la confiance des citoyens dans les politiques publiques, dont le succès ne peut être obtenu sans cette confiance.
Au moment où le ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation affirme son attachement et son adhésion au rôle important de la liberté d’expression dans le développement et l’accélération du rythme de la démocratie et du développement, il déclare que cette adhésion reste néanmoins tributaire du respect scrupuleux de la loi. À défaut, la liberté devient un facteur de démolition, plutôt qu’un instrument de construction. Partant de ce qui précède, le ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation appelle à s’en tenir aux préceptes de la loi et des bonnes mœurs, soulignant que les autorités concernées appliqueront fermement la loi et uniquement la loi, et sanctionneront avec rigueur tous ceux qui dépasseront les lignes rouges dans leurs appels subversifs. Toute personne, si elle agit en irresponsable, n’est à l’abri de voir la justice sévir contre elle dans un État où seule la loi prévaut. »
Où en est-on, disais-je en exergue ? Chacun de nous, dans nos relations de voisinage, nos relations d’affaires, quotidiennes, intercommunautaires… Serait-ce qu’on ait oublié ce qui nous fait musulmans, serait-ce qu’à force de préférer se comporter en autruches, on ait la tête à ce point ensablée qu’on ne perçoive plus l’évidence qui fonde une société équitable : bien avant que n’ait à sévir la justice de l’État, c’est à notre propre justice personnelle d’agir, douce, aimante, respectueuse, tout simplement humaine.
Envers nous-mêmes bien sûr, mais aussi et surtout envers tous ceux qui forment notre Nation mauritanienne, aussi différents nous paraissent-ils. Sans relâche, à chaque fois que Dieu nous en donne l’occasion.
Ahmed ould Cheikh