Jeune Afrique - L’ancien président mauritanien a été admis en urgence à l’hôpital militaire de Nouakchott, dans la nuit du 28 au 29 décembre.
Pris de malaise, Mohamed Ould Abdelaziz a donné l’alerte à ses gardiens le 28 décembre, à minuit. Selon ses proches, qui assurent qu’il n’a été transporté à l’hôpital militaire que trois heures plus tard et qu’eux-mêmes n’ont été informés de la situation que le lendemain matin, l’ex-homme fort de Nouakchott est « conscient », mais « extrêmement affaibli ».
Toujours en détention préventive, il demeure sous forte protection. Des véhicules blindés sont stationnés devant le bâtiment et plusieurs éléments des forces de sécurité gardent la porte de sa chambre.
Accident vasculaire cérébral
Toujours selon son entourage familial, la piste d’un accident vasculaire cérébral (AVC), évoquée alors qu’il a été victime de saignements, a été confirmée dans la soirée du 30 décembre par le corps médical. Sa fille, Asma (qui continue de lui apporter à manger), son épouse, Tekber Mint Melainine Ould Ahmed, et l’un de ses avocats, Mohameden Ould Ichidou, ont pu se rendre à son chevet.
À la demande de ses proches, « Aziz » devrait être transféré, très probablement dans la journée, au Centre national de cardiologie, toujours à Nouakchott.
« Son état général s’est dégradé en raison de ses conditions de détention, très sévères, dénonce Me David Rajjou, l’un des conseils de l’ex-chef de l’État. Ces dernières semaines, son moral était toujours bon, mais l’isolement total auquel il est soumis a fini par lui peser physiquement. Nous demandons à ce qu’il soit pris en charge dans une unité médicalisée adaptée. » La famille d’Aziz multiplie en effet les démarches auprès du président Mohamed Ould Ghazouani afin qu’il autorise une évacuation sanitaire à l’étranger.
Caméras de surveillance
Arrêté depuis le 22 juin pour non-respect de son contrôle judiciaire, Mohamed Ould Abdelaziz était incarcéré dans une villa au sein de l’École de police de Nouakchott. Il est poursuivi pour, entre autres, corruption, blanchiment d’argent, enrichissement illicite, dilapidation de biens publics et octroi d’avantages indus.
Ses conditions de détention s’étaient durcies ces dernières semaines, avec en particulier l’installation de caméras de surveillance dans sa cellule. Interdit de promenade, il avait finalement été autorisé la semaine dernière à sortir dans la cour à raison d’une heure par jour. Les cinq dernières demandes de remise en liberté formulées par ses avocats – dont la dernière a été déposée après son admission à l’hôpital – ont toutes été rejetées.
Par Justine Spiegel