Hommage à Abdoulaye Cire Bâ | Mauriweb

Hommage à Abdoulaye Cire Bâ

jeu, 23/12/2021 - 19:28

C’était quelques jours seulement avant son décès. Son agréable épouse  nous avait accueilli dans leur modeste maison, Abdoulaye s’était levé difficilement pour nous recevoir, il connaissait déjà son état, il savait où en était son mal, il ne se faisait aucune illusion, il était très affaibli, mais dans ses yeux luisait toujours cet air d’intelligence amusée qui faisait partie de son être.

Abdoulaye Ciré Ba fut un grand journaliste, un grand homme de culture, mais aussi et surtout un homme honnête. Son expérience qui est grande ne valait pas son talent. Il exerça d’abord à Radio Mauritanie puis dans la presse privée. Il fonda un instant un hebdomadaire, l’Unité, il écrivit dans plusieurs journaux, dans plusieurs tribunes mais les circonstances, les contingences de chaque jour ne lui permirent jamais d’exercer son génie dans toute sa force.

Abdoulaye  n’a jamais eu l’occasion de vraiment éclore, parce qu’il n’était habité par aucune ambition personnelle et parce qu’il se suffisait la plupart du temps  d’un bon livre, d’une cigarette et d’un verre de thé. Mais il possédait une faculté d’analyse peu commune  Il suffisait de l’écouter pour comprendre.

 Ablaye comme l’appelaient ses intimes regardait les choses et les évènements avec le prisme de sa large érudition, de sa grande ouverture d’esprit, et de son manque total de subjectivisme.

Il était pourtant  militant politique de l’opposition, mais sans aucun dogmatisme, il se voulait  peulh, mais sans aucun sentiment ethnique, il était mauritanien mais sans aucun chauvinisme.

Ses amis se recrutaient dans toutes les formations politiques, tous les milieux, toutes les ethnies, et il savait côtoyer  les plus grands intellectuels et les gens du commun avec le même regard et le même esprit gouailleur.

Abdoulaye Ciré Ba est parti alors que peu de mauritaniens le connaissent, parce qu’il n’a jamais trempé ni dans les manigances politiques ni dans l’affairisme si répandu de nos jours. Il restera tout de même pour toujours un grand mauritanien. Qu’Allah l’accueille dans son Paradis.

Mbareck BEYROUK, Ecrivain

Jemal M. Taleb, Avocat au barreau de Paris