Europe1 - Les troupes de Barkhane stationnées à Gao, au Mali, font une petite fête de Noël en avance ce soir, sans Emmanuel Macron. Le président de la République a annulé son déplacement, officiellement à cause de la situation sanitaire dégradée en France.
Est-ce que c'est le dernier Noël des soldats français dans le Sahel ? Dans son format actuel, très certainement. La présence française se réorganise au Mali depuis plusieurs mois, au point de devenir un véritable casse-tête pour l'exécutif.
Certains avancent même alors que la France se retire. La semaine dernière, les Français ont déjà remis les clés de la ville de Tombouctou aux forces armées maliennes. 2.000 soldats sur les 5.000 présents au Sahel vont rentrer à Paris.
Selon les informations d'Europe 1, Emmanuel Macron ne cache pas en privé son souhait de mettre fin à l'opération Barkhane. Pour autant, il n'y aura très certainement pas d'annonce politique avant l'été prochain, pour éviter d'en faire un sujet de la campagne présidentielle.
Renforcer la force européenne Takuba
En attendant, la diplomatie française travaille sur deux volets : renforcer les armées locales et installer la force européenne Takuba, qui comprend 900 hommes de dix pays différents. Son commandement va d'ailleurs rejoindre la base de Gao, l'épicentre actuel de la logistique militaire au Sahel. Dans le contexte de la présidence française de l'Union européenne, toutes ces informations préfigurent la nouvelle stratégie de la France dans la région.
Ce qui inquiète Paris actuellement, c'est que les Russes semblent vouloir prendre la place qu'occupe actuellement la France au Mali. Une situation d'autant plus inquiétante au vu de ce qui se passe déjà en Centrafrique : le déploiement de mercenaires russes de la société de sécurité privée Wagner, soupçonnée d'être liée à Poutine.
La présence toujours plus forte des mercenaires russes
Selon des documents qu'Europe 1 s'est procurés, les exactions se sont multipliées dans le pays. Le 2 juin, un convoi a ouvert le feu sur un civil arrêté au bord de la route, sans aucune raison apparente. Un mois plus tard, selon ces mêmes documents, 13 personnes à moto ont été retrouvées mortes dans un village. Quatre Russes seraient à l'origine de ce bain de sang. Le gouvernement centrafricain a pointé la responsabilité des rebelles, mais pour les services de renseignement, c'est une preuve de plus que les Russes de Wagner ont pris le contrôle des administrations.
William Molinié, édité par Solène Leroux