Le Calame - Les victimes des événements 1986 – 1989 (veuves, orphelins, rescapés militaires et défalqués de la fonction publique), rassemblés dans un cadre de concertation ont célébré le dimanche 28 novembre, à leur manière, la fête de l’indépendance, « dans le deuil et le recueillement ». Le clou de l’évènement devrait être un sit-in à la place de la liberté, en face du palais présidentiel.
Mais c’était sans compter avec les forces de l’ordre qui ont quadrillé tous les accès de cette place. Des véhicules et agents de police y ont été placés pour empêcher les victimes et ayants droit de se rassembler.
Après quelques tentatives, les participants dont certains portaient des foulards, voiles et turbans rouges et qui clamaient : « Le 28 novembre, on ne célèbre pas », ont rallié la maison présidente du collectif des veuves de Mère Houleye, situé au 5e arrondissement.
Devant les marcheurs, le président de la CC/VE, Rachid Ly a lu une déclaration publiée pour les circonstances. « …Les victimes, comme tant d’autres citoyens ne voient plus en la journée de l’indépendance (le 28 novembre), une journée de réjouissance mais plutôt comme un jour de deuil, le jour où l’horreur a atteint son comble, la barbarie son point culminant, le jour où 28 vaillants soldats qui ont servi avec loyauté et honneur la patrie ont été pendus par leurs compagnons d’armes», rapporte le communiqué.
Et depuis, ajoute la déclaration, « les années se suivent et se rassemblent pour les victimes qui souffrent dans leur chair et dans leur esprit et les différents pouvoirs qui se succèdent à la tête du pays n’ont pas réussi à trouver une solution au passif humanitaire qui affecte pourtant l’unité nationale et la cohésion sociale du pays. »
Dans cette déclaration, le cadre de concertation des rescapés mauritaniens (CCRM) et le cadre de concertation des victimes des évènements (CC/VE) réclament à l’état mauritanien, de rétablir les victimes (toutes les victimes, civiles et militaires) dans leurs droits et d’honorer la mémoire des martyrs d’Azalai, d’Inal, de Jreida et d’ailleurs afin de tourner cette page sombre de l’histoire de la Mauritanie.
Pour ces victimes, le règlement définitif du passif humanitaire passe nécessairement par la justice transitionnelle et ses quatre devoirs à savoir : Devoir de Justice, Devoir de Vérité, Devoir de Réparation et Devoir de Mémoire.
Prenant la parole à son tour, Mère Houleye a tenu à rappeler que le combat est certes long mais qu’il sera poursuivi pour que les auteurs des abominables exactions soient traduits devant la justice.
« Nous ne courons pas derrière l’argent, mais derrière la justice que nous réclamons depuis des années, en vain, mais nous ne baissons pas les bras, nous avons vieilli certes mais la relève est bien assurée ». Mère de feu Lieutenant Sall Abdoulaye, exécuté à Inal, le 28 novembre, Mère Houleye a indiqué que son village, Garalol a perdu 11 militaires pendant ces évènements.