Lequotidien - Après les manifestations émaillées de violence à Ngawlé, de nombreuses arrestations ont été notées du côté des manifestants. Le collectif est en train de se battre pour la libération des détenus, d’apporter des soins aux blessés et de poursuivre le combat pour la restitution des terres.
Depuis dimanche dernier, les populations de Ngawlé sont sous le choc. Lors de leur quatrième marche pacifique pour réclamer la restauration de leurs terres, confisquées, les populations ont fait face à la police. Il s’en est suivi des heurts, avec plusieurs blessés et des arrestations.
Le coordonnateur du collectif pour la restauration de leurs terres, Alhouseyni Wade, signale que 26 personnes ont été arrêtées (hommes et femmes).
En début de semaine, le collectif et les bonnes volontés se sont attelés à leur libération et à apporter des soins aux blessés. Quelques heures après leur arrestation, tous les détenus ont été écroués à la prison de Rosso (capitale régionale), située à 100 km de Ngawlé. Selon le coordonnateur du collectif, «c’était la croix et la bannière pour aller à Rosso, rencontrer les autorités et négocier la libération des détenus. C’est notre engagement qui a obligé les autorités, à accorder aux blessés les premiers soins».
Ce sont les va-et-vient incessants, entre Rosso et Nouakchott, qui auraient permis de diligenter la situation. Le choc est très ressenti par les populations, surtout avec l’arrestation d’une femme enceinte et d’une fille mineure qui, malgré leurs blessures, ont été transférées à Rosso pour trois jours de garde à vue, puis ramenées au Commissariat de Lexeiba, à 7 km, et libérées après 48h de détention. M. Wade se désole de cette situation : «La femme enceinte est toujours en attente des résultats de ses analyses et l’échographie, que les autorités refusent de lui remettre.»
Deux jours plus tard, la situation a évolué dans le sens de l’apaisement : 9 détenus ont été libérés, 4 ont obtenu la liberté provisoire et sont assignés à résidence, 7 autres sont sous contrôle judiciaire avec obligation de se présenter deux fois par jour au Commissariat de Rosso. Mais, le maintien en détention des 6 détenus, au niveau de la Maison d’arrêt de Rosso, inquiète les populations de Ngawlé.
Un homme, sous l’anonymat, s’indigne : «On nous maltraite, puis on emprisonne des personnes qui n’ont fait que réclamer leur propriété et résister. Et parmi les détenus, il y a Adama Ba, un chauffeur de transport en commun, qui était venu au secours de blessés, mais s’est vu arrêter et sa voiture confisquée.»
Aujourd’hui, le combat du Collectif pour la restauration des terres de Ngawlé est d’abord la libération de tous les détenus, pour poursuivre la réclamation des terres. Le coordonnateur avertit : «Nous sommes déterminés à ce qu’on nous rétablisse dans nos droits et nous engageons la lutte dans la capitale, pour impliquer, au maximum, l’opinion nationale et internationale.»
Par Demba NIANG – Correspondant