Le Calame - Depuis quelques semaines, un débat toxique anime les réseaux sociaux en Mauritanie. Une sorte de rage autour des journées de concertation sur l’enseignement lancées simultanément dans toutes les capitales régionales par le ministère de l’Éducation.
Entre ceux qui prônent l’arabisation à outrance et l’exclusion de la langue française du cursus scolaire et ceux qui pensent qu’une telle orientation les laisserait au bord de la route, le torchon ne cesse de brûler. Un (faux) vocal attribué à Samba Thiam a mis le feu aux poudres sur Facebook et Whatsapp. Même si l’intéressé l’a formellement démenti, la tension n’a pas baissé d’un cran.
Les manipulateurs derrière cet enregistrement ont atteint leur objectif : diaboliser un peu plus le personnage et démontrer que nos frères négro- africains font tout pour barrer la route à l’arabe, lui préférant la langue du colon.
Il n’y a pas pourtant pas de quoi fouetter un chat. Notre système éducatif ne peut être monolingue. Il y a de la place pour l’arabe, le français et, pourquoi pas, l’anglais. Jusqu’à la réforme de 1979, l’enseignement marchait très bien. On y apprenait l’arabe et le français.
Plusieurs générations de toutes les composantes nationales sont le fruit de ce système et les meilleurs cadres du pays, à ce jour, y ont été formés. Les idéologies importées qu’on veut nous imposer ont démontré ailleurs leur échec. Et même ici, lorsqu’on voit le nombre d’enfants ayant accompli leur scolarité dans un système hybride en sortir pratiquement illettrés. Il y a de quoi se poser des questions.
Voulons-nous continuer à sacrifier des générations entières ou imposer un système parfaitement bilingue (ou trilingue) faisant réellement de l’école un creuset pour tous les fils de ce pays, comme il le fut toujours jusqu’à ces réformes de malheur ? Va-t-on enfin prendre le taureau par les cornes et dire à tous ces pêcheurs en eaux troubles : basta !
Paraphrasant Clémenceau, il est grand temps de se convaincre que l’école est une affaire trop sérieuse pour être confiée à des militaires.
Ahmed ould Cheikh