Depuis quelques semaines déjà, les relations algéro-marocaines connaissaient une vive tension. Dans ce bras de fer encore virtuel, Alger semble presser d’en découdre avec le royaume chérifien. L’affaire des camions fera-t-elle déborder le vase ?
Le Maroc engrange, dans l’affaire du Sahara, des victoires diplomatiques au détriment de son rival algérien qui soutient la cause du Polisario. Même si Alger a beaucoup de regret dans sa course diplomatique ces dernières années avec le Maroc l’on est tenté de croire que les autorités algériennes ont recours à des moyens extrêmes qui trahissent une nervosité face à cette adversité. Rupture diplomatique décrété unilatéralement en août 2021, bouclage du gazoduc d’approvisionnement, le pouvoir algérien outré par la reconnaissance par les USA de la «marocanité » du Sahara ne ménage pas ses décisions pour marquer ses dissensions avec le Maroc. La dernière résolution des nations-unies sur la Minurso rejetée par Alger comme un parti pris du Conseil de sécurité pour le Maroc résonne encore comme un nouvel échec politique et diplomatique d’Alger dont les procédés et la communication relèvent de la «guerre froide » entre les deux pays.
Mais avec l’affaire des camions dont pourtant MENADEFENSE évoque la présence en territoire conflictuel (Birlehlou, zone de siège du Polisario) , il n’en fallait certainement pas plus pour les autorités algériennes qui ne sont pas allées par quatre chemins -nonobstant l’inexistence encore de conclusions d’une enquête indépendante- pour accuser mercredi le Maroc d’être à l’origine de la mort de trois de ses ressortissants qui occupaient deux camions retrouvés calcinés au Sahara. Dans cette logique implacable d’accusation, l’Algérie avait déjà le 13 octobre insinué avoir déjoué un complot ourdi par Israël en «connivence » avec le Maroc sans vraiment le citer.
Pour certains observateurs se demandent aujourd’hui si l’Algérie ne chercherait pas une « bonne raison » pour passer à un palier de plus dans sa relation déjà tumultueuse avec le royaume du Maroc? La situation s’envenime de plus en plus entre les deux parties depuis l’arrivée au pouvoir du président Tebboune, qui symbolise l’aile des faucons algériens. Elle risque à termes de s’étendre aux autres pays.
La Mauritanie ne veut pas être mêlée à la crise
Les autorités mauritaniennes ont été les premières à réagir en rejetant catégoriquement la survenance d’une quelconque attaque sur leurs territoires. Même son de cloche au Maroc où l’on nie « tout raid sur des cibles civiles ou militaires en Mauritanie ou en Algérie, de la part des FAR ». En Mauritanie, le communiqué de la direction de la communication des forces armées a notamment exhorter de « s’assurer de la véracité des informations et à la prudence face aux sources d'information suspectes". Qui alors a intérêt à ventiler ces fake news ? That’s the question !
Pour les forces armées mauritaniennes "des sites et des plateformes médiatiques ont fait circuler depuis hier (lundi) une attaque de camions algériens au nord du pays. Afin d'éclairer l'opinion publique et de corriger les informations diffusées, la direction de la communication et des relations publiques de l'état-major général des armées, dément toute attaque à l'intérieur du territoire national.» Une certitude qui ébranle les versions diffusées à outrance sur les médias sociaux impliquant la Mauritanie. Des médias pro-polisario évoquent d’ailleurs la survenance de l’attaque contre les camions en « territoires libérés » ce qui conforterait la thèse de la présence des camions vers Birlehlou ou dans ses parages mais loin de la route entre l’Algérie et la Mauritanie. Que transportaient ces camions ? Les images qui en sont données ne permettent en tout cas pas de conclure à des camions soufflés par des missiles et aucun résidu de marchandise normale ne transparait sur les images.
Avant de conclure à une quelconque thèse, comme le suggère le communiqué de la présidence algérienne, il va donc falloir attendre la réalisation d’une enquête indépendante pour déterminer les mobiles et les responsabilités dans l’affaire dite des camions algériens
JD (avec médias)