Le Calame - Vous avez été interpelé par la police suite à une manifestation, il y a quelques mois, marquant le coup d'envoi des activités de votre mouvement. Quel est l'origine de ces démêlées avec les autorités ?
Bala Touré : Effectivement, nous avons été interpelés par des fonctionnaires de police de la wilaya de Nouakchott Ouest. Sur les raisons de cette arrestation de quelques heures, ils nous ont expliqué qu’il fallait disposer d’une autorisation pour tenir un sit-in pacifique sur une place publique comme celle de la Liberté.
Nous avons rétorqué que la liberté de manifester pacifiquement est garantie par la Constitution et leur avons rappelé que des parlementaires de la République qui avaient bénéficié d’une autorisation pour une manifestation dans un hôtel de la place s’étaient vus signifier que ladite autorisation avait été annulée.
Comment donc pouvions-nous, nous, bénéficier d’une autorisation de ceux ayant empêché des élus du peuple de rencontrer leurs électeurs ? Nous avons usé d’un droit qui nous a été refusé. Et de demander à ces fonctionnaires de police si nous étions dans un État de droit ou un État d’exception.
Dans le premier cas, on respecte la Constitution qui garantit aux citoyens la liberté d’organiser des manifestations pacifiques. Dans le second, les autorités peuvent confisquer toutes les libertés et agir de la sorte.
Mais pourquoi nous en veut-on ainsi ? Je ne saurais vous le dire. Comme vous l’avez bien rappelé, la police de Sebkha est venue interrompre, il y a quelques mois, une manifestation que nous tenions dans une salle de spectacle, malgré l’autorisation que nous avions obtenue des autorités. Je ne sais si celles-ci nous en veulent mais les faits sont là ; le SPD les dénonce et les condamne ; il poursuivra ses sit-in et marches pour dénoncer l’arbitraire et l’injustice d’où qu’elles viennent. -
- Le SPD est visiblement dans le camp de l'opposition mais on n'a pas entendu sa voix dans les préparatifs des concertations ou dialogue. N'avez-vous pas été approché par celle-là ?
- Je pense que les évènements qui se produisent à l’intérieur du pays, comme récemment à R’Kiz, sont des signaux de la crise profonde que traverse le pays : le peuple souffre, la grogne monte et les autorités ne doivent pas y rester sourdes. Ce malaise social vient s’ajouter aux problèmes de l’unité nationale, du passif humanitaire et de l’esclavage.
Mais, face à toutes ces questions, les autorités affirment que le pays ne vit aucune crise. Au SPD, nous ne comprenons pas une telle posture. C’est d’ailleurs pourquoi le SPD ne juge pas utile d’aller au dialogue : les conditions d’un dialogue franc, inclusif et sérieux ne nous paraissent pas réunies.
- Parmi les thèmes énoncés dans la feuille de route des partis, lesquels vous semblent une urgence à régler?
- Je suis tenté de vous dire qu’en l’état actuel du pays, tout est urgence : la crise est profonde et multiforme. Mais, il faut bien commencer par un bout et je vous renvoie à ma réponse à la précédente question. Régler les problèmes qui polluent l’édification d’une unité nationale véritable demeure une condition sine qua non de l’avenir de ce pays.
- Quelle appréciation le SPD fait-il des mesures prises par les autorités pour endiguer la hausse des prix ?
- Entre prendre des mesures et les appliquer sur le terrain, dans les marchés, il y a un pas que les autorités ne sont pas disposées à franchir. Ces mesures relèvent de la cosmétique. Et nous pensons, au SPD, que le calvaire vécu tous les jours par les citoyens, en dépit de ce qu’on leur annonce, devrait pousser les autorités à agir autrement. L’une de leurs missions n’est-elle pas d’assurer le bien-être des gens ?
Propos recueillis par Dalay Lam