Avec la multiplication des révélations des scandales financiers dans tous les domaines avec leurs lots de distribution de terrains en catimini, de contrats juteux au profit de particuliers et aux dépens de l'Etat, de passe droits, de préférence en matière de dédouanement, d’exemptions fiscales et de surfacturation de toutes sortes, la Mauritanie s’est retrouvée en fin de décennie passée au bord du gouffre.
Cette situation sans précédent s’assimile à un véritable pillage en bande organisée, initié et exécuté méthodiquement par des individus sans foi ni loi mais dont chacune des actions en soi mérite l’ouverture d'une instruction et des poursuites judiciaires.
Au Far West, l’argent disparaissait avec les célèbres Dalton qui organisaient des holdups up sur les banques et les diligences de convoyage de fonds… Pour la Nouvelle Banque de Mauritanie (NBM), l’argent des déposants a disparu… Toutefois, la méthode utilisée est bien différente de celle des Dalton.
On se rappelle encore que pendant la dernière décennie, 5 agréments de banques ont été octroyés dans le laps d’une seule année. Chose curieuse, aujourd’hui toutes ces institutions sont en infraction flagrante vis-à-vis de la règlementation bancaire, notamment en ce qui concerne leur ratio de division des risques et de leur solvabilité. Autre impaire partagé : aucune de ces institutions n’a respecté les conditions initiales de création de banque, notamment, le dépôt de 6 milliards d’ouguiya auprès de la BCM.
Parmi celles-ci, la NBM, banque placée un moment sous la coupe de la BCM qui ne pouvait pas se permettre un autre naufrage de banque après celui de la Maurisbank. La NBM est placée ces derniers temps sur les rampes de l’actualité, du fait d’un projet de sa reprise par l’entreprise canadienne Westbridge Mortgage REIT. Un projet qui risque fort de finir en queue de poisson ou dans des conflits, comme ce fut le cas du projet identique que ces repreneurs ont en vain tenté en Cote d’Ivoire.
Si la NBM occupe tant l’actualité, c’est aussi du fait de la spécificité du fonctionnement interne qu’elle a connu ces derniers mois : le 21/07§2019, le Conseil d’ Administration acta la désignation, d’un nouveau Directeur Général en la personne de Mr Dieng Adama Boubou. Et depuis les voyants ont commencé à quitter la zone rouge, sans jamais passer au vert. Alors en quasi-banqueroute, la banque a immédiatement commencé à assainir une situation jusque-là, compromise et à honorer ses engagements vis-à-vis de ses clients, notamment les particuliers. Un tour de force réalisé sans aucune perte d’emploi !
Mais comment la NBM en est-elle arrivée à ce point de désuétude ? Comment cette banque a-t-elle était plongée dans une telle situation alors qu’en 2018 elle affichait des performances commerciales remarquables jusqu’à dégager un résultat positif de plus de 151 millions d’ouguiyas, et ce au bout de son troisième exercice ? Comment une banque vers laquelle était orientés la plupart des dépôts publics a-t-elle fléchi ?...
Les faits sont là : son péché originel, après avoir été un avantage de promotion, a fini par entrainer sa perte. Ses actionnaires fondateurs étaient Abdel Baghi Ould Ahmed Bouha, Mohamed Limam Ould Benne, Zein El Abidine Ould Mohamed Mahmoud et Lemar Ould Weddady. Tous proches de l’Ancien Liquidateur de la Mauritanie ; les deux dernier finiront par quitter la Banque pour créer chacun la sienne. Cette proximité avec le pouvoir avait permis à la NBM de connaitre une croissance et un développement continus.
Le groupe « émirati » Afroport, adjudicataire du contrat d’affermage de l’aéroport international Nouakchott-Oumtounsy, avait envisagé d’utiliser la NBM pour effectuer son entrée dans le secteur bancaire en Mauritanie ; ce qui montre encore une fois, la proximité avec l’Ancien Liquidateur et de la Siphonneuse de la Mauritanie. Depuis, la mise à mort de la banque est lancée : 110 entreprises fictives furent créées, chacune obtint au moins 80 millions d’ouguiya de prêt, sans présenter la moindre garantie. Comme les actionnaires n’avaient pas encore libéré le capital, c’était l’argent des déposants qui était ainsi distribué, avec légèreté, au bénéfice d’entreprises fictives créées pour l’occasion dont une dizaine, sont proches de la Siphonneuse de la Mauritanie et le reste de l’ancien liquidateur.
Aujourd’hui, la NBM fait face à un trou béant de 24 milliards d’anciennes ouguiya, sur ces 24 milliards on peut considérer que 8 sont des créances justifiées et recouvrables mais les 16 milliards restant, il n’y a aucune chance de les revoir.
Il est indéniable que l’affaire de la NBM est la plus grande arnaque de la décennie écoulée qui touche le grand public après celle de Cheikh Rida évidemment autant par son ampleur que par le nombre de pigeons qui se sont laissés prendre au piège. Alors va-t-on laisser les responsables et les bénéficiaires de cette arnaque s’en tirer à si bon compte ?
Wait and see !